Un exemple à suivre est celui qui vient du Nord de l’Europe. Au Danemark où, si à partir de 18 h, vous êtes encore au bureau, cela signifie que vous ne savez pas vous organiser et vous êtes alors montré du doigt. C’est encore une question de culture. En France, en tant que cadre, il faut être là jusqu’à 20 h, sinon vous êtes considérés comme des feignants ! Non, tout en ayant à l’esprit qu’il peut y avoir des périodes de rushs. Selon moi, tout se joue dans la recherche de l’équilibre. Comme l’écrit dans son livre Mathilde Lacombe qui est la cofondatrice de Birchbox. À 30 ans, elle a trois enfants et une société : « Toute la subtilité c’est de trouver cet équilibre… c’est compliqué. Ça ne se fait pas du jour au lendemain, il ne faut pas non plus oublier son équipe ».

L’ÉQUIPE COMME LEVIER POUR ÉVOLUER

J’aime parler d’intelligence collective où l’on pratique un management collaboratif en incluant les collaborateurs dans les projets. C’est très important parce que c’est là que l’on passe de manager à leader.

L’intelligence collective consiste à mettre des gens autour d’une table en se disant que l’on va travailler ensemble, de façon très collaborative sur un projet comme revoir la carte de soins. Mettez cette intelligence collective au service du client, de l’entreprise. Et n’oubliez pas de récompenser les membres de votre équipe pour avoir partagé leurs idées comme en offrant une séance de Do In ou de médiation avec un intervenant extérieur.

LES CROYANCES LIMITANTES

Oui, les femmes formulent vraiment la question pour savoir si elles méritent vraiment d’évoluer !

À cela, il est important d’ajouter le lien que les femmes entretiennent avec l’argent. La parité voudrait qu’elles gagnent exactement la même chose qu’un homme. Pourquoi les femmes gagnent moins d’argent que les hommes ? Parce qu’elles ont des enfants ? Parce qu’elles sont moins présentes ? Non et non, c’est dans l’imaginaire collectif, il y a quelque chose d’impalpable et c’est très compliqué. Je ne suis pas féministe au sens politique du terme mais il faut s’entraider, partager et rester vigilant.

Tout ça participe à la place de la femme en tant que manager.

Les croyances limitantes sont celles qui vous empêchent d’avancer en imaginant que cela n’est pas pour vous par exemple. C’est cette petite voix intérieure qui vous dit : « Je ne le mérite pas, je ne le vaux pas, je n’y ai pas le droit, je me repositionnerai dans deux ans, dans deux ans, je serai bien… ». Ce sont des choses que j’entends régulièrement. Mais non, prenez le poste, maintenant ! Dans ce cas, votre plus gros risque, c’est la réussite. Aussi bizarre que cela puisse paraître, la réussite fait peur…

LA PEUR DE LA RÉUSSITE

Oui, ça fait peur la réussite quand il a fallu pendant des années avancer pas à pas, éviter les peaux de bananes. Je rencontre en séance de coaching tous les « symptômes » qui peuvent se cacher derrière la peur comme les réactions physiques.

Je ne peux pas demander d’augmentation, j’ai été absente 6 jours l’année dernière

J’accompagne une manager qui n’a pas été augmentée depuis quatre ans : « Je ne peux pas demander une augmentation cette année parce que l’année dernière, ma fille a été malade et j’ai dû m’absenter 6 jours, je demanderai l’année prochaine ». C’est une blague, elle a été absente six jours à l’échelle d’une année ! Cet exemple est caricatural et pourtant cette femme qui refuse de demander une augmentation participe aussi à une réalité. Parce que c’est aussi à quel moment, en tant que femme dirigeante, cadre, manager, l’entreprise lui fait assez confiance pour gérer à la fois ses équipes, ses projets pro, sa vie familiale, sa vie personnelle, etc. Il y a la peur de la réussite mais aussi savoir à quel moment vous vous autorisez à sortir de votre zone de confort. Qu’est-ce qu’un risque ? Que risquez-vous réellement ? Est-ce un risque calculé ? Qu’est-ce qui se cache derrière le mot de risque ?

LES COMPÉTENCES

Il faut rester lucide sur ses compétences et à partir du moment où on a les compétences il faut y aller. Finalement, on ne naît pas manager on le devient. C’est petit à petit, tout au long du parcours professionnel que l’on acquiert des qualités, de l’expérience qui permettent de dire qu’à un moment : « Ça y est, j’ai les compétences et je n’aurai pas à me justifier ».

Et, face à un recruteur, vous expliquerez votre parcours, vous ne serez pas dans la justification, ce n’est pas la même chose. C’est important et normal d’expliquer son parcours professionnel, ses missions. Se justifier est de l’ordre du combat. À un moment, il y a l’expérience qui est là et qui parle pour vous.

Et naturellement, il en ressort : « Madame, vous réunissez toutes les capacités pour être leader ». Si vous souhaitez devenir leader, il est important de comprendre son fonctionnement et de cerner ses attentes professionnelles. Un exercice intéressant peut être de : lister toutes les qualités nécessaires pour occuper ce poste dans un domaine bien précis et cocher toutes les cases pour lesquelles il est encore nécessaire d’acquérir de l’expérience ou de vous former. Vous avez toutes des points forts et des axes d’amélioration, il faut juste vous donner la capacité de les développer.

CONCLUSION

En coaching, je le vois quasiment tous les jours c’est difficile d’être manager et femme aujourd’hui. C’est difficile parce qu’il faut montrer votre polyvalence, vos capacités à tout gérer… à la société, à votre entourage, à votre entreprise. Aujourd’hui encore, les femmes doivent apporter des preuves, certes, c’est plus facile effectivement qu’à l’époque de nos grands-mères… mais il reste encore du chemin… Je ne suis pas féministe au sens politique mais féministe au sens humaniste s’appuyant sur le partage et l’entraide entre femmes. J’ai vraiment la croyance que c’est une clef d’intégration et qu’à partir du moment où les femmes ne se poseront plus la question de « Est-ce que je le mérite vraiment ? » nous aurons fait un grand pas.