Par Gilles BAUDIN.

L’industrie du spa est engagée dans une profonde mutation structurelle de son activité, conséquence en partie due aux effets conjugués du Covid et de la crise énergétique, accélérateurs des processus d’évolution des valeurs sociétales.

Si les conséquences du Covid ont contribué à accélérer une phase de pénurie de personnel sans précédent, la crise énergétique qui a suivi, elle, a généré une très forte hausse des coûts de l’énergie et la prise de conscience que l’eau n’est pas une ressource illimitée. Cela a entraîné pour les spas, forts consommateurs d’eau et d’énergie, en raison de leurs équipements, un impact direct sur leur exploitation, impact à la fois économique et d’image.

LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE EST OBLIGATOIRE !

L’impact économique

Les spas ont des infrastructures très techniques où se mêlent souvent, en un même espace, un besoin de vapeur, de chaleur sèche, de froid, d’eau, très énergivores et techniquement complexes à entretenir.
La facture énergétique a, pour beaucoup d’établissements, doublé, voire triplé au cours des derniers mois grevant ainsi de façon préoccupante leur rentabilité.

L’impact d’image

À l’heure ou certaines piscines publiques décident de fermer ou de limiter les horaires et jours d’ouverture, où certaines communes n’accordent plus de permis de construire de piscines individuelles, la prise de conscience des ressources en eau est générale. Nous assistons à une sensibilisation de plus en plus importante des pouvoirs publics et de la population, des consommateurs, et particulièrement des jeunes (clients des spas de demain) à la protection des ressources en eau.
La transition énergétique est donc désormais une nécessité économique et d’image. Le spa ne doit pas être seulement un bel établissement, à la décoration superbe, prêt à faire vivre une expérience unique au client, il doit aussi démontrer qu’il est performant et économe en énergie et consommation d’eau.

Le spa à l'heure de la transition énergétique

LES PREMIERS EFFORTS DE FAITS…

Beaucoup d’établissements en ont déjà pris conscience et sont entrés concrètement dans une phase de transition énergétique en mettant en place des mesures bien avant la crise. On peut citer l’utilisation d’éclairage Led, de mousseurs de robinets ou de douches, de toilettes à débit réduit, le calorifugeage des réseaux, la diminution raisonnée de la température de l’eau de baignade, la recherche de certification ou de labels écologiques, la sensibilisation des personnels et clients à l’adoption de comportements responsables.
Mais la transition énergétique implique un effort continu vers l’efficacité et la durabilité, tout en conservant cet objectif essentiel pour les spas d’offrir une expérience bien-être inoubliable pour leurs clients.

MAIS IL FAUT ALLER PLUS LOIN…

Il faut concevoir les spas de façon performante dans leur globalité, c’est-à-dire économique et écologique, dès la conception, des murs au plafond. Il faut opter pour des équipements et appareils économes en énergie, utiliser des matériaux durables et écologiques pour minimiser l’impact environnemental. Mais il faut également se pencher sur le choix des volumes des bassins, le passage d’une zone sèche à une zone humide, l’isolation du bassin par rapport à la zone humide chaud froid (hammam, sauna, fontaine de glace…), intégrer les objectifs de fréquentation, de FMI (fréquentation maximum instantanée), les périodes et heures d’ouverture… bref une véritable ergonomie structurelle, fonctionnelle et environnementale.

Il faut concevoir le spa de façon économique et écologique dès sa conception

De nouvelles solutions techniques

Les industriels sont très impliqués et de nouvelles solutions techniques apparaissent et se développent sur le marché, notamment pour les piscines publiques, adaptables pour les spas.

QUELQUES EXEMPLES DE SOLUTIONS

Pour contribuer à cette transition énergétique irréversible et réaliser des économies significatives d’eau et d’énergie, voici quelques-unes des nombreuses solutions, qui nécessitent certes un investissement complémentaire inévitable, mais rapidement amortissable et bénéfique à la fois pour l’environnement et les coûts opérationnels des spas.

Le spa à l'heure de la transition énergétique

Le déchloraminateur UV

Les chloramines sont l’ennemi des baigneurs et des piscinistes. Elles sont produites par la réaction du chlore et des matières laissées par les baigneurs (transpiration, cheveux…). Elles peuvent rendre l’eau mais aussi l’air, irritants (nez, yeux) pour les clients et dangereuses pour la santé des salariés. Les ARS y sont particulièrement sensibles. Pour y remédier, il faut renouveler l’eau plus fréquemment (au-delà des 30 l par baigneur imposés par la réglementation), ce qui entraîne une surconsommation d’eau et d’énergie, car il faut chauffer les apports d’eau. C’est là que le déchloraminateur intervient.

Qu’est-ce que le déchloraminateur ?

Il s’agit d’un procédé de désinfection de l’eau par lampe à ultraviolets basse ou moyenne pression qui agit de façon continue 24h sur 24. Il se greffe sur le système de filtration.

Les effets du déchloraminateur

– Il réduit considérablement le taux de chloramines.
– Il améliore la qualité de l’eau.
– Il permet ainsi une économie de l’eau de rinçage des filtres et d’énergie qui peut atteindre, d’après les fabricants, entre 30 et 60 % selon la taille de l’établissement et son coût peut être amorti en 3 ans.
– Il évite également une surconsommation de produits chimiques même si le traitement pH, chlore reste nécessaire.
L’installation est simple et l’entretien nécessite peu de maintenance. C’est un moyen très efficace de répondre à la fois aux problématiques de l’exploitation du spa et de la transition énergétique. Un nombre de plus en plus important d’établissements l’ont adopté.

La couverture thermique

On pense souvent à couvrir les bassins extérieurs pour conserver la chaleur mais on pense rarement à couvrir les bassins intérieurs chauffés. Et lorsque le spa est fermé, c’est-à-dire la moitié d’une journée de 24h, les bassins continuent de fonctionner, de chauffer. La solution de la couverture thermique est un moyen (selon le type de couverture qui est choisi, souple ou rigide, et la configuration du bassin) de conserver la chaleur. Le traitement de l’air et la déshumidification seront moins sollicités, ce qui peut générer une économie d’énergie jusqu’à 30 % (selon les fabricants et selon le type de technicité). C’est une solution intéressante pour faire des économies d’énergie quand l’établissement est fermé.

Le spa à l'heure de la transition énergétique

Le pédiluve à asperseur

Qui dit bassin dit pédiluve, grand oublié et gros consommateur d’eau sur-chlorée. La plupart des pédiluves fonctionnent en eau perdue, non recyclée, tout au long de la journée d’ouverture et sont vidangés chaque soir. Imaginez un robinet qui coule 8 à 10h par jour ! C’est une grande quantité d’eau au quotidien qui part directement à l’égout. Il existe des pédiluves à asperseur automatique qui ne se déclenchent qu’au passage des baigneurs limitant ainsi fortement la consommation d’eau et de produits désinfectants.

La filtration des bassins

On connaissait la filtration au sable, aux billes de verre, il existe également la perlite. C’est une roche volcanique qui permet une filtration très fine et un meilleur confort de baignade, ainsi qu’une diminution de la consommation de produits chimiques. Elle donne lieu à une économie jusqu’à 80 % de la consommation d’eau de lavage et de rinçage des filtres (soit 15 à 20 % de la consommation annuelle d’eau des bassins selon les fabricants). Le coût de ce matériau est environ 20 % plus cher que les matériaux classiques mais le gain en eau et énergie est important. Cependant l’utilisation de cette technique nécessite une installation de filtre spécifique. À envisager en cas de construction ou de rénovation.

Une filtration à la perlite permet une économie de 80 % d’eau

Le traitement de l’eau

Il existe une technique in situ de fabrication de chlore actif à 100 % à l’aide de pastille de sel. C’est une solution qui permet de produire son propre chlore directement sur place. Cette technique permet d’être autonome en chlore et de baisser son coût (le sel est entre 7 et 10 fois moins cher que le chlore), de limiter la consommation de pH, de supprimer le transport et le stockage spécifique du chlore et la dangerosité de sa manipulation. Elle peut s’intégrer à des installations existantes et est rapidement amortissable.

Le spa à l'heure de la transition énergétique

Le traitement de l’air

Et oui, on y pense peu mais le coût énergétique du traitement de l’air est relativement onéreux et peut représenter jusqu’à 40 % du coût énergétique d’un bassin ! Il faut donc être particulièrement vigilant et rigoureux sur sa maintenance pour éviter les fuites ou pertes d’énergie.

On y pense peu, mais le coût énergétique de l’air est élevé

Le récupérateur de chaleur des eaux grises

Cela consiste à réutiliser les eaux grises de l’établissement, c’est-à-dire les eaux chaudes des douches, lavabos, voire des rejets des eaux de la piscine pour récupérer leurs calories perdues (25 à 32°). Cette récupération de calories se fait par différents systèmes qui vont préchauffer l’eau froide du réseau de ville que l’on va injecter dans la piscine ou utiliser pour les ECS (eau chaudes sanitaires). Le système contribue ainsi à gagner quelques degrés dans le chauffage de l’eau et de faire des économies conséquentes en consommation d’énergie.

La gestion intelligente

Il existe aujourd’hui, pour épauler la gestion des établissements, la GTC (gestion technique centralisée) qui permet de détecter rapidement et précisément les éventuelles pannes, fuites et problèmes techniques. C’est à la fois un gain de temps et d’efficacité d’intervention et cela permet d’adapter la consommation et donc de réaliser des économies d’énergie. De plus, il existe désormais des logiciels et systèmes d’automatisation «intelligents» qui vont piloter et affiner les réglages et surtout l’interaction entre le traitement de l’air, le chauffage, la filtration et le traitement de l’eau. Ils agissent directement sur la technique et entraînent une économie substantielle que certains fabricants estiment entre 15 et 30 % des consommations d’énergie. Ces systèmes sont déjà utilisés dans certains centres aquatiques. À noter qu’ils ne remplacent pas le personnel technique.

On le voit, il existe de plus en plus de solutions, y compris pour les établissements existants, pour faire des économies d’eau et d’énergie. C’est bénéfique et nécessaire à la fois pour la transition énergétique et l’environnement, pour l’image des établissements, mais aussi pour les coûts opérationnels des spas, sans nuire, bien au contraire, pour continuer à faire vivre une expérience inoubliable à vos clients.

A lire également