Propos recueillis par Laure JEANDEMANGE.

Le concept de ce mois, c’est La Demeure, mais nous aurions pu intituler cet article Le Concept de Demain, tant Céline Foster, la fondatrice, est visionnaire, tant sa proposition est d’une incroyable justesse…

Céline Foster

Céline Foster

J’ai un double diplôme de psychiatrie et de soins généraux. J’ai travaillé en services de psychiatrie et addictologie, puis essentiellement au bloc opératoire. J’ai été chef de bloc opératoire et directrice de soins. J’ai ainsi travaillé pendant près de 20 ans dans le médical.

LE DÉCLIC

En 2005, je travaillais en chirurgie pulmonaire, c’est une chirurgie lourde et très invalidante en post-chirurgie… Au bloc, nous devions opérer une jeune femme de 36 ans, nous avons ouvert et refermé immédiatement. C’était incurable, elle était inopérable avec un pronostic vital à très court terme. Elle avait de tous jeunes enfants…

LA CRÉATION DE COULEUR SABLE

Face à l’impuissance de nos actes pour certaines pathologies, j’ai quitté mon poste d’adjointe de chef de bloc et je me suis formée au massage avec Gil Amsallem. Le toucher me semblait capital dans la relation avec son corps et avec les autres.

En 2005, j’ai ouvert mon premier spa à Rouen pour la prévention des femmes. Il faisait 42 m², je l’ai agrandi au bout d’un an et j’ai fini avec une dizaine de cabines et dix esthéticiennes trois ans plus tard. Je proposais de la lumière pulsée, la Power Plate, un bassin de flottaison, de la stimulation visuelle et bien entendu des soins du visage et du corps.
Nous étions en 2005, tout ce que je proposais était très avant-gardiste. Ouvrir un complexe qui prenait en charge autant le psychique que le physique était tout à fait hors norme et a beaucoup plu.

Focus sur le bain de flottaison

En psychiatrie, nous avons l’habitude d’utiliser le bassin de flottaison, les vertus psy sont phénoménales.
Quand on est en flottaison, au bout d’une vingtaine de minutes, le cerveau fait comme une déconnexion et sécrète des endorphines à une dose extraordinaire. C’est extrêmement réparateur au niveau psychique. C’est beaucoup plus efficace qu’un massage car, dans le bain, le cerveau se met en stand-by, alors que pendant un massage, le corps est en appui, le cerveau continue de travailler, s’il y a une mauvaise position, le corps bouge sans même s’en rendre compte, c’est un automatisme. Dans le bassin de flottaison, le cerveau lâche. Obligatoirement.
À l’époque, je proposais le bassin de flottaison en version détente avant un massage ou si le client exprimait de la fatigue. J’étais moins axée sur la santé, je n’avais pas la maturité que j’ai aujourd’hui. C’était il y a presque 20 ans…

J’ÉTAIS SANS RÉPONSES…

Pour raisons personnelles, j’ai dû quitter Rouen, j’ai vendu mon spa et je me suis installée à Paris avec mes quatre enfants où j’ai repris la direction d’une clinique de chirurgie esthétique dans le 14ème arrondissement.
Au quotidien, j’étais confrontée à des patientes qui me questionnaient : « Qu’est-ce que je dois faire quand on va me retirer un sein ? Où est-ce que je peux trouver un soutien-gorge, une perruque ? ». Je ne savais pas répondre et cela me pesait beaucoup. Il y a aujourd’hui une lacune que l’on peut entendre dans la prise en charge des soins post-opératoires et surtout de replacer la patiente au centre de son histoire, de sa maladie et surtout de son quotidien familial.

 

Cela devenait de plus en plus difficile…

Cela devenait difficile d’être face au patient, face à la maladie, nous n’avons plus de prise en charge globale, la communication s’étiole de plus en plus, les pathologies émergentes sont de plus en plus courantes, on le voit avec l’endométriose, la fibromyalgie et nous avons finalement de moins en moins de réponses même si la recherche avance beaucoup…
Après trois ans, j’ai quitté la clinique et j’ai continué à travailler dans mon cabinet. En effet, entre-temps j’avais passé un DU à la Pitié-Salpêtrière sur la gestion du stress ainsi qu’un diplôme d’hypnothérapeute.

LA CRÉATION DE LA DEMEURE

À Saint-Cloud, le salon de coiffure dans lequel j’étais cliente s’est libéré. Ce lieu avait une très belle aura, je me suis dit : « Il est temps que je reprenne soin de la femme dans une version plus douce par rapport à l’hôpital et surtout plus préventive ou curative ».
Ainsi, en 2018, j’ai commencé à ouvrir la partie coiffure sur 110 m² avec une partie médicale en matière de perruquerie médicale et soins « wellness for cancer » car le lieu est situé à deux minutes de l’Hôpital Curie.
Mon espace s’appelle La Demeure, j’ai ouvert avec trois cabines de soin en proposant Biologique Recherche et l’Alliance de LPG.
Pour contrecarrer mon ancienne vie, je voulais des techniques naturelles, non douloureuses, non invasives, dans l’objectif d’aider la femme, dans un lieu avec plus de douceur. C’est ce que le milieu de la beauté peut apporter, notamment avec les mains expertes d’esthéticiennes dont le métier premier est le toucher par la peau. En parallèle, le critère important pour moi est d’avoir une caution médicale que ce soit dans la réflexion, les technologies ou les soins.

Une vraie proposition physique et psychique

Suite au Covid, l’espace mitoyen de La Demeure s’est libéré. J’ai réalisé à quel point les dégâts psychiques allaient être importants. C’était le moment d’avoir une proposition psychique, physique avec une vraie prise en charge médi spa. J’ai donc acheté 300 m², j’ai incorporé dans cet espace toute la partie spa.
C’est un espace luxueux qui stimule véritablement les sens car c’est comme ça que l’on traite efficacement les gens. Par exemple, grâce à des effets de matières, les clients touchent systématiquement les murs.

Mon amour pour la santé de la femme

J’aime particulièrement la complexité physiologique et psychique de la femme car je constate qu’elle porte énormément sur ses épaules, et se fait toujours passer en dernier, il y a avant les enfants, le mari, les courses, il y a toujours quelque chose. Ce n’est pas normal que la femme ait ce sentiment de surcharge et de culpabilité. Il faut qu’elle arrive à prendre une heure pour elle, le monde ne s’écroulera pas… C’est ce que je veux apporter à travers mon spa : faire le lien juste entre le psychique et le physiologique.

L’objectif

Mon objectif était de rétablir une vraie démarche de prise en charge et d’apporter l’autonomie physiologique et psychique à la personne. Si un client vient pour de la minceur, il est pris en charge avec un coach sportif, avec le LPG, et des conseils diététiques par exemple. Nous avons aussi à sa disposition une sophrologue, des esthéticiennes, des kinés, des ostéos, un professeur de yoga, un coach en gestion émotionnelle. Nous avons un rôle d’éducation, c’est un point fort de notre prise en charge et un point important dans mes valeurs thérapeutiques.

La Demeure

L’ÉQUIPE

La grande différence par rapport à d’autres lieux est que tous les thérapeutes, les soignants sont là en permanence, ils sont associés et ont un pourcentage dans La Demeure. Nous sommes 10 thérapeutes soignants et 10 salariés : esthéticiennes, coiffeurs, accueil et aussi ostéopathe, kiné, coach en gestion émotionnelle, sophrologue, prof de yoga, coach sportif, psycho-énergéticienne, naturopathe et moi, en cadre de santé.

Recruter pour un concept jamais vu…

Au départ, soyons honnêtes, ça n’a pas été simple de recruter l’équipe de thérapeutes, le concept était si innovant. Les freins sont nombreux lorsqu’on lance quelque chose de nouveau… Je demande un travail d’équipe et nous réfléchissons sur des sujets de développement comme la ménopause, l’endométriose, le pré et post partum. Je veux une véritable réflexion et une remise en question. Si ça ne fonctionne pas, il faut que l’on soit capable de mettre nos ego de côté et déterminer pourquoi ça ne marche pas.

LE CLIENT A LA DEMEURE

Il y a trois portes d’entrée à La Demeure :
– Le client vient pour une prestation individuelle comme dans un spa classique pour un soin du visage ou du corps.
– Le client vient pour une consultation individuelle avec le sophrologue, le naturopathe.
Le client vient pour un bilan avec moi pour déterminer la prise en charge majeure, ce qu’il faut gérer en priorité, c’est une « cure de prise en charge globale ».

OBJECTIF PRÉVENTION

Aujourd’hui, le système de santé prend charge de façon curative. C’est déjà bien, notre principal point faible est dans la prévention. C’est ce que La Demeure propose. Nous sommes principalement dans la prévention ou dans la prise en charge des troubles dits du quotidien, tels que les troubles du sommeil, des pré-burn-out, des pré et post-op, des femmes en pré et post-partum. Nos clients viennent majoritairement pour de la surcharge mentale que nous visons à transformer en santé mentale positive

LES CURES SUR-MESURE

En fonction du bilan des besoins physiologique et/ou psychique, je détermine la cure qui sera complètement personnalisée. Ma passion est cette proposition de soin de « renaissance globale » en tenant compte du mode de vie de notre client, de son organisation professionnelle/familiale.

Des exemples

Par exemple, une de nos clientes a fait une fausse couche et psychiquement aujourd’hui elle a du mal à avoir un enfant. Je lui préconise une prise en charge physique pour être plus à l’aise avec son corps ; cela passe par le yoga et des séances de coaching sportif. En matière de prise en charge psychique et pour calmer ses émotions, le coach en gestion émotionnelle ainsi qu’une partie détente par enveloppement esthétique s’imposent.
À un autre client en pré-burn out, nous allons donner suffisamment de ressources via une boîte à outils, des solutions qu’il saura utiliser dans son quotidien en situation de stress.

Chaque rendez-vous compte

Lorsque je remets le détail de la cure, j’explique le pourquoi de chaque prestation. J’insiste sur la prise en charge entière gérée par l’équipe beauté et santé. Cette coordination du soin est la clé de notre réussite. Nous gérons absolument tout pour diminuer la surcharge mentale qui a provoqué le trouble ou le mal-être.
Le client peut tout à fait aller de lui seul chez l’esthéticienne ou le sophrologue, mais par contre, avoir des gens qui vont réfléchir tous ensemble à sa personne, ça n’existe pas.

Avoir une équipe entière qui réfléchit au sujet d’un client, ça n’existe pas

La durée

La cure s’étale de un à six mois car, pour avoir un résultat, il faut un certain temps, il y a deux, trois rendez-vous par semaine que nous adaptons en fonction de l’évolution du client. Le contenu de la cure va être totalement personnalisé au client et à son budget.
Nous avons lancé le principe de cure au mois de septembre et nous vendons déjà plusieurs cures par mois. Les clients viennent à nous grâce au bouche-à-oreille et sur recommandations de médecins.

LE SECRET DE LA RÉUSSITE

La coordination, la communication entre nos différents experts dans un même lieu est la clé de notre réussite : les soignants, les coachs, les coiffeurs, les esthéticiennes. Nous avons des rendez-vous toutes les semaines, nous passons les clients en revue et nous faisons évoluer la cure si nécessaire.
L’une de nos clientes était en burn out, elle n’arrivait pas à s’investir dans le petit groupe de gestion émotionnelle, nous sommes donc passés par la sophrologie. Ce n’est pas une question de thérapeute, il faut parfois plus de temps…

QUID DE LA LOI…

Pour être en conformité avec la loi, nous avons deux portes pour accéder à notre espace : une entrée wellness et une entrée santé. Nous précisions aussi que nous sommes non conventionnés pour la kiné.

L’ÉVOLUTION DE LA DEMEURE

Le projet futur est d’ouvrir huit à dix chambres pour que les clients puissent être en total immersion. J’ai aussi le souhait que La Demeure soit un lieu pour resserrer les liens familiaux. Aujourd’hui, le couple, la famille sont très maltraités, je veux recréer des lieux en prenant en compte les besoins de chacun.

LA SANTÉ POSITIVE : L’AVENIR

Le monde de la beauté et du bien-être est véritablement en train de changer, nous allons devoir nous ouvrir et c’est passionnant. Avant, la notion de santé mentale était totalement réservée à la psychiatrie mais c’est en train de bouger. La santé mentale est prise très au sérieux par de plus en plus d’entreprises et aussi par les jeunes qui ne veulent plus « se tuer » au travail comme la génération précédente.

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