Par Florence KOWALSKI, Consultante Wellness et Rédactrice Web bien-être et cosmétiques

Alexandra Cauchie

Alexandra Cauchie

Devenir formatrice internationale pour une marque de cosmétiques est l’objectif ultime de nombreuses spa managers qui souhaitent évoluer professionnellement. Voyager, rencontrer d’autres professionnels, ne plus travailler les samedis… Les avantages associés à ce métier dans l’imaginaire collectif sont nombreux. Alors, mythes ou réalités ?

Après une première carrière en spa en tant que spa praticienne, esthéticienne indépendante, puis spa manager sur l’île de Saint-Barthélémy, Alexandra Cauchie approfondit sa connaissance des soins visage avec des techniques facialistes à son retour en France. Avant de se lancer dans l’aventure de la formation internationale. Après trois ans d’activités, elle partage sa vision du métier et remet quelques pendules à l’heure !

Mythe n°1
En tant que formatrice, j’aurai un travail à horaires normaux avec mes soirées et surtout mes week-ends

La formation, c’est beaucoup de déplacements. Du Japon, Alexandra n’a vu que les hôtels, les gares et les aéroports au rythme d’une destination par jour avec présentations des marques, de références produits et de protocoles de soins auprès de spa directors, managers de centres de bien-être, consultants… En règle générale, les formations sont organisées en spa du lundi au vendredi, mais elles « débordent » parfois sur le week-end, notamment en spa saisonnier où les contraintes de temps sont fortes. Et même quand la formation commence le lundi et se termine le vendredi, le déplacement se fait sur le temps du week-end. Être formatrice internationale demande donc une flexibilité à toute épreuve. Il faut également savoir s’adapter aux imprévus (ex : grèves) et savoir se débrouiller pour rentrer quoi qu’il arrive… À noter également : sur ce type de poste, on est souvent responsable de l’organisation de son déplacement : réservation de ses transports, parfois même de ses hôtels. Idéalement, on essaie de les intégrer dans son temps de travail au bureau mais pour certains voyages plus complexes, où les horaires sont tels que l’emplacement même de l’hôtel devient stratégique, il n’est pas rare de finaliser cette organisation le soir après la journée de travail. Donc, si vous souhaitez devenir formatrice internationale parce que travailler en soirée ou le samedi en spa ne vous convient plus, passez votre chemin !

Le parcours d’Alexandra CAUCHIE

Le déclic

Pour Alexandra Cauchie, tout a commencé en école d’esthétique. Les intervenantes qui venaient présenter les marques de soins pendant les cours étaient pour elle l’incarnation du savoir et de l’élégance. Elle a enchaîné ensuite les saisons et multiplié les formations et les rencontres avec des formatrices humaines, dans le partage et la bienveillance. Elle se souvient : « La première marque qui m’a marquée était Decléor, quand j’étais au George V. J’étais allée en formation à leur siège pendant une semaine : nous avions une belle salle de pratique, de beaux books, nous avions testé tous les types de masques disponibles… Par la suite, j’ai rencontré une autre formatrice qui avait monté son propre institut, avait beaucoup voyagé dans les îles et aux États-Unis et ça m’a donné envie de passer à l’action ».

Spa manager

Alexandra s’envole pour La Réunion, puis la Thailande où elle apprend le massage thai à Chang Mai puis pour quatre mois à Saint Barthélemy. En prospectant, elle rencontre la direction de l’Hôtel Eden Rock à St Barth. À cette époque, l’établissement gère son spa de façon externalisée avec trois entreprises différentes et leurs retours qualité sont très mauvais. Ils lui demandent de les aider à créer une offre spa à la hauteur de l’établissement. Elle devient alors spa manager et y reste trois ans. L’arrivée du Covid l’a ramène en France.

Formatrice

Coïncidence : à cette période, une marque de cosmétiques qu’elle connaissait déjà lui demande de faire des formations en Europe pour leur compte en free-lance. C’est pour elle l’opportunité de se développer en tant que formatrice et experte anti-âge. Elle s’envole pour la Grèce, l’Allemagne, l’Autriche, l’Espagne, les Pays Baltes, la Turquie….. Après six mois, elle prospecte pour identifier une seconde marque et exercer son métier à plein temps. Ainsi, après un lancement dans un palace parisien, elle repart pour Monaco, l’Intercontinental de Paris, Londres, l’île de Saint Martin, la Géorgie, le Japon…

Mythe n°2
Je vais voyager à travers le monde et découvrir de nombreux pays

Oui effectivement, c’est l’opportunité de découvrir des endroits où vous ne seriez peut-être jamais allée. Ainsi Alexandra parle avec beaucoup d’émotion du Japon qu’elle a traversé du nord au sud en quatre jours et pour lequel elle a eu un magnifique coup de cœur : « Sans cette mission, je n’aurais certainement pas eu l’occasion d’y aller. Ça m’a vraiment donné envie d’y retourner et peut-être même d’y développer d’autres activités ! ». Mais elle explique également qu’elle est partie un week-end et a dû revenir le week-end suivant pour enchaîner le lundi sur une autre formation sans même pouvoir rentrer chez elle.

Et faire du tourisme ?

Alexandra s’autorise parfois un ou deux jours sur place pour faire du tourisme quand son emploi du temps le lui permet. Mais attention : cette partie du séjour restera à votre charge, que vous exerciez en indépendante ou en salariée, et certaines destinations sont très onéreuses. Vous devez parfois changer d’hôtel juste pour une nuit parce que celui pris en charge par votre client ou votre employeur est trop cher, donc en termes d’organisation, ça demande un supplément de débrouillardise !

Mythe n°3
Je serai souvent seule, j’aurai moins de contraintes qu’enfermée dans mes heures d’ouverture du spa

Alexandra corrige : « Oui, vous serez souvent seule et vous passerez moins de temps « enfermée » dans vos horaires d’ouverture du spa. Mais vous aurez au moins autant de contraintes qu’avant pour toutes les raisons exposées ci-dessus ». Effectivement, quand vous serez au bureau, vous aurez des horaires de travail plus traditionnels. Mais certaines tâches d’organisation ne pourront pas être reportées au risque de mettre en péril votre déplacement. Vous serez donc amenée à travailler plus tard si besoin.

Les 5 mythes autour du métier de formatrice cosmétique et spa internationale

La réalité

Elle ajoute : « Ce métier est passionnant mais il faut être réaliste, il ne permet pas d’avoir des routines de sport ou autres parce que vous n’êtes jamais au même endroit à la même heure. De plus, l’impact sur votre vie personnelle est fort. Quand vos amis vous proposent un dîner le vendredi soir et que vous rentrez à 23h, vous devez refuser. Et quand vous refusez 3 ou 4 fois d’affilée, on ne vous le propose plus… ». C’est un métier qui demande des concessions.

Mythe n°4
Je serai moins souvent derrière mon ordinateur à faire des tâches répétitives et plus au cœur de mon métier de thérapeute

La seule préparation des déplacements nécessite parfois de longues heures derrière votre ordinateur et ce sont des tâches qui se répètent à chaque fois. Il y a également beaucoup d’interactions avec les autres services de l’entreprise (marketing, commercial…) qui nécessitent de nombreux échanges de mails. Et l’inventaire des kits de formation ou l’impression des books sont également des tâches répétitives et pas forcément au cœur du métier de spa thérapeute.
Alexandra confirme : « Le métier de formatrice internationale permet de faire un bond en termes de connaissances. Nous découvrons de nouvelles techniques, de nouveaux actifs… Nous bénéficions de tout le savoir-faire des marques dans ce domaine et nous avons même la chance de nous confronter à des pratiques étrangères que nous montrent les stagiaires des formations qu’on dispense à l’international. Mais une part importante de notre activité est dédiée à de l’organisation ».

La réalité

Ce n’est pas le métier de formatrice en soi qui vous permettra de rester au cœur de votre pratique de thérapeute. Mais c’est votre curiosité pour l’univers du soin et des cosmétiques et votre capacité à cultiver cet intérêt (par de la veille professionnelle, des rencontres de réseau, des échanges…) qui vous permettront de continuer à grandir comme thérapeute.

Les trois qualités clés d’une formatrice internationale

L’empathie : il faut être capable de comprendre vite et bien les personnalités que l’on a face à nous pour que la formation « accroche » dès les premières minutes.

La passion : il faut être passionnée par la transmission de savoir et avoir envie de rester en veille sur tout ce qui se fait dans le métier.

La rigueur : il faut organiser ses déplacements, faire ses inventaires de kits de formation, faire imprimer ses books… avec des process qui changent parfois selon les marques. Donc il faut être carrée dans ses process.

Mythe n°5
Ouf, je n’aurai plus d’équipe de spa thérapeutes à manager au quotidien

« Certes vous n’aurez plus de management direct dans le sens hiérarchique du terme, explique Alexandra. Mais attention, vous aurez une vraie responsabilité de manager, puisque vous devrez amener une équipe que vous ne connaissez pas d’un point A (aucune connaissance d’une marque) à un point B (connaissance de la marque et de ses protocoles) et ça, en quelques jours. Et c’est un véritable enjeu de management. » Effectivement, quand on dispense une formation, on n’est pas là « juste » pour parler des produits et faire la démonstration de protocoles, il faut :

– Comprendre rapidement qui on a en face de soi : quelles stagiaires sont plus à l’aise et vont assimiler rapidement les enseignements théoriques et la gestuelle ? Et au contraire, quels thérapeutes vont avoir besoin de plus d’attention ou de plus de temps d’assimilation ?

– Identifier les éventuels éléments « perturbateurs » qui pourraient causer du tort à l’avancement du groupe et à la bonne prise en mains de la marque et réussir à les convaincre de s’impliquer.

– Être capable de s’adapter à tous les imprévus qui surviennent en cours de formation : manque de modèles, pas d’eau chaude, matériel client manquant (alors que le client vous a garanti qu’il avait bien tout, spa manager qui ne participe pas à la formation par manque de temps et vous laisse travailler avec « son » équipe sans autre management que le vôtre…).

Savoir embarquer l’ensemble de l’équipe dans l’univers de la marque pour obtenir que les soins soient bien réalisés mais aussi pour en faire de vrais représentants de la marque qui réussiront à vendre les produits.

Vous n’aurez pas la charge mentale de salariées absentes à remplacer en dernière minute ou de tensions internes entre deux membres de l’équipe à gérer mais être formatrice reste un travail de manager nécessitant, à chaque formation, beaucoup d’énergie pour re-créer les conditions nécessaires aux résultats attendus de cette formation.

Les grands bonheurs d’une formatrice internationale

Expérimenter la richesse des rencontres humaines : les rencontres sont courtes mais tellement intenses et riches en émotions. On rencontre plein de personnalités différentes et des parcours atypiques, notamment à l’international. Je reviens souvent re-boostée !

Réussir à trouver le point positif d’une personne et pouvoir l’encourager : je peux aider les personnes à sortir le meilleur d’elles-mêmes et, quand j’y parviens, c’est très enrichissant humainement.

Découvrir un nouveau monde : celui du marketing, du commercial, du laboratoire… ce métier me force à sortir de mes connaissances et mes acquis et, ça, on ne s’en lasse pas !

LE BILAN

Voici le bilan d’Alexandra après ces trois années : « Être formatrice cosmétique et spa internationale est un métier passionnant. Le fait de travailler en indépendante est à la fois une difficulté mais également une satisfaction supplémentaire. Je dois prospecter, m’adapter aux process de travail de chaque marque, jongler entre plusieurs emplois du temps, mais je me sens monter en compétence à vitesse grand V ! Par contre, qu’on soit salariée ou à son compte, c’est un métier contraignant, qui ne permet pas toujours de prévoir son quotidien et qui demande beaucoup d’organisation personnelle si on ne veut pas avoir l’impression de subir sa vie ».

Alors, après la lecture de ces cinq mythes, le métier vous plaît toujours autant ? C’est qu’il est fait pour vous, alors foncez !

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