Par Pascale BROUSSE, Fondatrice de Trend Sourcing.

Le bien-être est un terrain propice pour accueillir les besoins actuels. Voyons quelles pourraient être les applications possibles en spa et centres de santé/wellness.

LA DIMENSION DU PARTAGE

Depuis six ans, la présence massive des Millennials, sur les réseaux sociaux et dans la société de consommation en général, a bouleversé la donne. Sans reprendre tout ce qui a déjà été dit sur les 12-39 ans (en élargissant aux Y), une des dimensions nouvelles apportées et capitales est celle du partage. « Jamais sans ma communauté » pourrait être leur « motto ». Et qui dit partage dit partage d’expérience, apprentissage ensemble et diffusion au plus grand nombre.

Ce qui est formidable, c’est que ces nouveaux codes ou valeurs de vie infusent toutes les générations. La pensée et l’architecture en silos sont renversées, les frontières s’abolissent. En beauté, 64 % des Ys et Xs américains trouvent leur inspiration sur Instagram (Facebook IQ, 2016) : les médias sociaux sont devenus le nouveau paradigme de promotion et de création produit/service. Les conseils et l’influence ont lieu via toutes les plateformes : tutoriels, avis de consommateurs, commentaires de produits (« products review ») et vlogs (ex : le succès fulgurant de Glossier – USA : de blog à marque via la force de la communauté, ou plus récemment a marque Hello Jo au Royaume-Uni).

Aux États-Unis et dans différents pays du monde, Happybootcamps.com propose de se faire des amis tout en s’assurant une meilleure forme. Une combinaison idéale qui inspire certains séjours français, comme le « Happy Boot Camp & Détox » à Méribel, proposant un stage revitalisant avec randonnées, yoga, méditation et soins, encadrés par une équipe de nutritionnistes, coachs sportifs, de Pilates et de yoga.

Du côté des adolescents, des sessions de « well slimming » sont organisées au programme : « Minceur Ado by Polar », à Quiberon Accor Thalassa Sea & Spa. En six jours, il permet aux 14-17 ans d’adopter les bons réflexes d’amincissement et de régulation alimentaire (avec notamment deux séances de relaxation pour contrer les compulsions alimentaires).

LE MAL-ÊTRE OCCIDENTAL

Car enfants et adolescents sont aussi victimes du mal-être occidental. 50 % des parents déclarent leurs enfants dépendants lorsqu’ils restent 6 h par jour devant les écrans (selon une étude au Royaume-Uni, SpaFinder 2016). Ce qui favorise bien évidemment anxiété, surpoids, voire obésité : 1/5 des enfants seraient en surpoids ou obèses dans les pays développés (Source : OCDE 2016).

Ralentir est aussi une priorité pour certains jeunes ! Ainsi, aux Thermes de Molitg-les-bains, il existe une cure en déficit d’attention et hyperactivité pour les 6-12 ans, ainsi qu’un module spécifique avec ateliers pour mieux vivre en groupe.

Les kids ont aussi leur « retreat » ! Six Senses a ainsi créé Children’s Club The Den (Maldives), qui propose méditation musicale, yoga, taï-chi, jardinage bio, jeux de plage et snorkeling, sans oublier les menus « healthy » gourmands.

WELLNESS FOR CANCER

Tout en restant dans la santé et le bien-être, des protocoles communautaires et inclusifs se créent pour les personnes souffrant d’un cancer, cette maladie que l’on ne nommait pas ou du bout des lèvres il y a encore dix ans. 40 % d’entre nous souffrirons un jour d’un cancer (Source : Global Wellness Summit 2017). Ce chiffre fort met en exergue le paradoxe que les personnes atteintes de cancer, pourtant nombreuses, étaient les grandes oubliées du mieux-être.

Le tourisme de bien-être va s’étendre au-delà du spa

Après les Centres Thermaux comme à La Roche-Posay, les thalassothérapies, spas puis resorts s’intéressent à cette clientèle via des équipes et des soins certifiés. Même aux Philippines à San Benito, The Farm Spa offre un programme intégratif « spécial cancer » de 6 nuits, avec soins naturels et holistiques. La luxueuse retraite Ananda Spa (Himalaya) a mis en place une équipe dédiée et formée pour apporter le « Wellness for cancer » à la communauté locale. Natura Bissé en Espagne collabore avec des dermatologues, des psychologues et des oncologues pour la formation des esthéticiennes, allant visiter les patients hospitalisés en cancérologie. Également, aux États-Unis, le massage Mindful Touch, au Two Bunch Palm (Miami), est effectué par un praticien certifié « Wellness for Cancer ». Car les résultats sont prouvés :
• Les drainages lymphatiques aident à la prévention d’un 2e lymphœdème chez les femmes ayant eu un cancer du sein.
• Le yoga est plus efficace que la thérapie de groupe pour réduire anxiété et stress chez les malades.
• Les massages sont réducteurs de nausée en cas de chimiothérapie (Études de l’Université de Göteborg et de la National Taiwan University).

ENTRE AMIS OU EN FAMILLE

L’inclusion, mot phare de l’année, trouve sa place dans le tourisme de bien-être. Venir s’amuser entre amis, comme lors d’un court séjour en thalassothérapie entre copines ou se soigner en famille en font partie. B’O Resort, la marque des activités des Thermes de Bagnoles de l’Orne, répond à toutes les envies des tribus familiales ou amicales, loin du bruit et du tumulte du monde alentour.

Le Como Shambhala à Bali a organisé un long week-end de 4 jours « Bien-être au féminin » en mai dernier, afin d’encourager les clientes à s’engager dans une compréhension plus holistique du bien-être féminin, avec un accent autour de la santé abdominale. Une manière habile d’étendre son offre bien-être et de l’ouvrir à une autre clientèle, via un calendrier d’ateliers résidentiels, de quatre à sept jours.

PROJETS WELLNESS

Au-delà des seules personnes ou du spa, des architectes travaillent sur d’autres surfaces de bien-être : « Nous voulons créer un village avec une intégration sans frontière entre hôtel, retail, restauration, fitness, spa, développement durable et authenticité culturelle » (Source : I. Schweder, Goco hospitality CEO).

Ces nouvelles dimensions « wellness » sont visibles au Six Senses (Bhoutan), un concept fascinant, regroupant cinq propriétés, avec un circuit pour aller d’un pôle éco-responsable à un autre. Chaque lieu étant fondé sur un des piliers de la vision du bonheur national cher au pays.

L’énorme site de 180 000 m2 du Goco Retreat Ubud, Bali, qui ouvrira en 2021, sera un pionnier « in Indonesia’s wellness hospitality industry ». Il comportera 83 chambres et 76 propriétés à acheter : « Wellness Real Estate »TM, avec salles de Médecine Traditionnelle Chinoise, centre ayruvédique, médi-spa, studio fitness, 45 salles de soin, aire outdoor comprenant le fameux « forest bathing », etc.
Enfin, le Llanelli Wellness and Life Science Village (Nouvelles Galles) est un ambitieux projet pour un bien-être communautaire, partagé entre touristes et locaux. Il inclura hôtel, spa, centre de bien-être et aussi un neuro-village pour personnes avec déficiences cognitives, centre de formation et même école primaire dédiée au bien-être !

« Dans le futur, le tourisme de bien-être va s’étendre au-delà du spa en lui-même, vers la destination (que ce soit une ville, une région ou un pays), où un bien-être complet et plus authentique pourra être expérimenté : sociétés plus sûres, nourriture saine, nature protégée, air pur… » (Source : Dr F. Linser).

CONCLUSION

Entre nouvelles prestations et nouveaux lieux de vie bien-être, l’expression du partage et de la donne communautaire sont grandes. Elles permettent de s’affranchir des codes classiques. Encore peu visibles dans l’industrie du spa, contrairement à la beauté, entamer des conversations horizontales avec les clients permettrait de détecter de vraies nouvelles opportunités (marques, services, produits…) et de pouvoir mieux coller aux attentes sociétales. La force du « nous », l’interaction chère aux Millennials, les processus collaboratifs innovants permettraient d’attirer une nouvelle clientèle et surtout de se démarquer totalement de la concurrence.