Par Doriane FRÈRE.

Les techniques de relaxation se développent à mesure que l’on prend conscience de l’essentialité d’écouter son corps et ses besoins. La spirothérapie, une pratique qui semble être d’un nouveau genre, puise ses origines dans la culture indienne. En quoi cela consiste et comment la pratiquer ?

Explications avec le créateur de la méthode Samuel Ganes, auteur, formateur, instructeur en yoga, auteur de Spirothérapie. Des pranayamas aux pratiques modernes, plus de 50 techniques de respiration. Éditions Solar.

UNE MÉTHODE INSPIRÉE DE LA CULTURE INDIENNE

Qu'est-ce que la spirothérapie ?Cela fait près de dix ans que j’ai créé des séances de méthodes de respiration. Les vertus sont très nombreuses. L’intérêt de la respiration est qu’elle est connectée à tous les systèmes du corps : nerveux, digestif, cardio-vasculaire, endocrinien… Il y a donc une action bénéfique sur tous ces systèmes. Au départ, on ne parlait pas de spirothérapie mais d’exercices de contrôle du souffle.
Pour ce faire, je me suis fait former en Inde. En effet, 90 % de la spirothérapie sont des méthodes de respiration qui viennent de la culture védique et tantrique.
Je me suis intéressé au point de vue médical et scientifique de cette pratique. Sinon, cela reste de l’ésotérisme.
Contrairement à la méditation par exemple, la spirothérapie est accessible à tout le monde. En effet, les personnes qui lâchent-prise difficilement, qui pensent beaucoup, ne parviennent pas à se concentrer pour méditer.

Le breathwork par exemple est très tendance en ce moment mais ne repose sur rien de scientifique. Bien souvent, il s’agit de respirations hyper-ventilentes. On l’a beaucoup vu pendant la période New Age, pratiquée par les Hippies. Par l’hyperventilation, on excite les neurones, ce qui est assez délétère pour le cerveau. La personne a l’impression d’être dans un état second.

DES TECHNIQUES PAR DIZAINES…

Il existe tout un panel de respirations très différentes, il en existe environ une cinquantaine. En voici une sélection :

Les respirations simples

On se base ici sur l’inspiration, la rétention, l’expiration et la suspension. Ce sont des respirations que l’on utilise lors des premières séances afin de ramener de la conscience dans le souffle. Par exemple, si on accentue plus l’expiration, on va accentuer davantage le côté détox puisque l’on évacue le CO2.

Les respirations tantriques

Il s’agit de respirations en alternance sur les narines. Ici, on travaille sur les deux hémisphères du cerveau. L’intérêt est de travailler sur l’équilibre dans le corps.

Les respirations diaphragmatiques

Ici, on engage surtout le diaphragme et donc le ventre. L’intérêt est de travailler sur le système digestif, puisque ce système se situe en dessous du diaphragme.

Les respirations sonores

On travaille surtout sur la zone ORL. On cherche l’émission de son vocalement ou par bruissement via le souffle. C’est très important pour le système endocrinien puisque cela motive le système limbique, situé au niveau du front. Cela stimule l’épiphyse et l’hypophyse. Plusieurs études ont montré qu’en effectuant beaucoup de vibrations à ce niveau, cela augmente le taux de mélatonine ainsi que le taux d’ocytocine, contre-hormone du cortisol.

Les respirations en mouvement

Ici, on va ajouter de la synchronicité entre le mouvement et la respiration. Il s’agit de mouvements très simples : bouger les bras, les jambes, en même temps que les inspirations et/ou les expirations. L’intérêt est de pouvoir stimuler le corps.

Les respirations méditatives

Il s’agit de respirations simples qui s’appuient sur la mise en conscience de l’acte de respiration. Souvent, les personnes ne parviennent pas à méditer car c’est trop passif, trop dans le mental. Ici, nous sommes dans une méditation active. Pour les personnes qui ont des esprits « galopants », cela permet de mettre un focus sur une action.

PRATIQUER LA SPIROTHÉRAPIE

La fréquence

Cela s’articule sur des séances de 30 minutes ou d’une heure et même aller sur des ateliers de 3 ou 4 heures ! Personnellement, je fais des séances de 30 minutes environ.

La séance, en pratique

Pendant les séances, on peut avoir recours à différentes méthodes. La séance est déterminée selon deux choses : la forme et le fond.
– Pour la forme, on peut partir sur quelque chose d’ascendant : commencer par des respirations axées sur le ventre, puis remonter sur la cage thoracique, la gorge, la tête et finir sur le cerveau. Les actions sont ciblées. On peut aussi choisir de faire une séance uniquement assise ou allongée.
– Pour le fond, on peut axer sur la détox par exemple en effectuant des repirations ventilentes, beaucoup d’expirations. On peut aussi axer sur le sommeil, la détente…

Le public

La pratique de la respiration est très inclusive, tout le monde peut la pratiquer. Il suffit de s’assoir. Il n’y a pas de contre-indications spécifiques mise à part pour les femmes enceintes sur certaines méthodes comme les diaphragmatiques. De même que l’on ne va pas travailler l’hyperventilation sur les personnes souffrant d’insuffisance cardiaque.

Qu'est-ce que la spirothérapie ?

LES BÉNÉFICES DE LA SPIROTHÉRAPIE SUR LE CORPS

Plusieurs études prouvent que la respiration agit sur presque tout le métabolisme du corps.

Action sur le pH sanguin

Assez rapidement, la première chose sur laquelle agit la respiration est le pH sanguin. En effet, lorsque l’on commence à revenir à une respiration contrôlée, on remonte le taux de O2 dans le sang et diminuons le taux de CO2. Ainsi, le sang revient à un pH neutre. Souvent, notre sang est très acide à cause de la pollution, du stress ou encore de la fatigue, ce sont des facteurs exogènes. Notre captation d’oxygène est toujours à peu près bonne, le vrai problème est l’accumulation de dioxyde de carbone. La plupart du temps, on n’expire pas assez. Il y a plus de toxines, d’acidité. L’acidité créé de l’inflammation et entraîne plus facilement des maladies chroniques. Et les personnes ont toujours cette croyance qu’il faut inspirer davantage, alors que l’expiration est tout aussi importante pour évacuer le CO2 !

Plusieurs études prouvent que la respiration agit sur presque tout le métabolisme du corps

Action sur le rythme respiratoire

La respiration agit également sur le rythme respiratoire qui se ralentit, tout comme le rythme cardiaque. Dès que l’on ralentit le métabolisme, le cœur va battre moins vite, ce qui est une bonne chose. Si le cœur bat trop souvent rapidement, il va plus rapidement vieillir. On le voit sur les personnes qui ont un métabolisme très rapide, ce sont celles qui, en général, sont très nerveuses. Et ce sont souvent des personnes qui ont des battements de cœur très rapides et qui donc meurent plus tôt que les autres… Le ralentissement du biorythme est une bonne chose car cela permet au corps d’éliminer beaucoup plus, cela permet à tous les systèmes de se régénérer plus rapidement, et cela apaise le mental. Ralentir, c’est aider tous les mécanismes vertueux liés à la détox et au repos, et donc à régénération.

L’expiration est tout aussi importante que l’inspiration

Action sur le système respiratoire

Le système respiratoire est donc ainsi dans une forme de rééducation. L’avantage de la plupart des méthodes respiratoires est que l’on prend conscience de notre respiration et que nous travaillons ainsi plus activement avec notre diaphragme. Et plus on travaille de façon consciente et régulière sur son diaphragme, plus il se tonifie et s’assouplit. C’est pareil pour tous les muscles. Dans la vie quotidienne, cela permet d’avoir une respiration plus profonde et de meilleure qualité.

Action sur le système digestif

Lorsque l’on travaille sur son diaphragme via la spirothérapie, on exerce des à-coups sur les poumons mais également sur le système digestif. Beaucoup de respirations vont creuser le ventre, ce qui est très bénéfique pour le péristaltisme (contraction du tissu musculaire qui permet de déplacer et de dégrader les denrées alimentaires). Parfois, par des compressions sur les intestins, on relance l’acide aminé qu’est le tryptophane – précurseur de la sérotonine – qui sécrète beaucoup plus.

Action sur le système nerveux

L’inspiration motive le système nerveux autonome orthosympathique (celui de l’action). À l’inverse, l’expiration motive le système nerveux parasympathique (celui qui permet de se relaxer). Par ce biais de système nerveux autonome orthosympathique et parasympathique, on conduit tout le reste du métabolisme. Le parasympathique relance la digestion et pousse l’envie d’uriner, on est dans de la détox, ce qui est bénéfique pour le corps. En même temps, il va permettre de relâcher tous les muscles. L’orthosympathique engage les muscles, bloque le système digestif, ce qui nous permet d’être dans l’action.

Action sur l’activité cérébrale

Chacune de nos narines est reliée aux hémisphères de notre cerveau. À travers le cycle nasal – qui contraint nos narines à ne pas respirer de la même façon et s’associe avec l’activité cérébrale, ce qui fait que l’on n’a jamais une activité cérébrale qui est semblable sur les deux hémisphères du cerveau -, on va pousser le déséquilibre à s’équilibrer. On parvient doucement à un équilibre de l’activité cérébrale des deux hémisphères du cerveau, grâce aux respirations alternées. Le seul moment où les deux sphères du cerveau sont alignées est lorsque l’on est dans un sommeil profond. Ce travail de respiration est donc très impactant sur le stress et les problèmes de sommeil. Pour le sommeil, les bénéfices peuvent se faire ressentir assez rapidement, les respirations étant assez impactantes sur le système nerveux.

Action sur la zone ORL

Les respirations sonores permettent de chauffer la gorge et ainsi d’évacuer le mucus et les inflammations. Des micro-vibrations sont exercées au niveau du masque, ce qui motive l’épiphyse et l’hypophyse, qui vont sécréter d’autres hormones comme l’ocytocine,hormone de l’euphorie ou la mélatonine, hormone du sommeil. On agit sur le système nerveux par le système endocrinien.

L’IMPORTANCE D’ENGAGER LES CLIENTS DANS LEUR PRATIQUE

Lorsque je dispense des ateliers, j’explique ce qu’il se passe dans le corps. Il est essentiel que les pratiquants soient des savants. Nous leur transmettons le savoir. On ne leur dit pas simplement d’effectuer telle respiration sans argumenter derrière. Et lorsqu’ils reviennent à plusieurs reprises, ils comprennent et ont envie de savoir ce qu’il se passe dans leur corps.

Au quotidien, avec cinq minutes de respiration profonde, le pH du sang sera neutre pendant des heures. C’est pour cette raison que l’on préconise d’effectuer trois respirations toutes les quatre heures. La meilleure chose est de le faire le matin avant le stress de la journée. Cinq minutes de respiration le matin est déjà très bien. Plus on en fait, mieux c’est accessible et réalisable partout.