Par Michèle de LATTRE.

Depuis les hauteurs d’Etretat, l’Hôtel Le Donjon**** (25 chambres) offre une vue époustouflante sur l’une des plus belles falaises du monde ! Omar Abodib, son propriétaire, et Coline Letellier, sa spa manager, vous parlent du spa du Donjon, vraiment pas comme les autres !

UNE PETITE FOLIE

Omar Abodib

Nous avons fait une petite folie, nous avons créé un spa « éclaté », dans le parc, sur la tour, dans le Cottage…
Les clients passent d’un endroit à un autre. Ils peuvent aller à La Canopée, ils peuvent aller au sauna, ils peuvent aller faire un soin. Nous sommes équipés d’une cabine double et d’une cabine solo donnant sur les falaises d’Etretat. La piscine propose un autre environnement avec sa superbe terrasse « prou de bateau » sur la baie d’Etretat. Nos clients se promènent comme à la maison en peignoir. C’est ouvert à la clientèle extérieure. Nos praticiennes avaient la perception et les marqueurs d’un spa classique offrant une prestation clef en main dans le même lieu. Nos « Folie’s » n’offrent pas la même expérience.

Un spa tellement différent

Le spa réunit deux cabines, une duo et une solo, La Canopée avec un Jacuzzi en rooftop en haut de la tour, qui donne directement sur le village, la mer et les falaises d’Etretat, et le sauna privatif pour deux personnes avec vue sur mer également. On peut aller dans le sauna à quatre, mais étant donné que nous sommes une destination d’amoureux et romantique, l’idée, c’est plutôt de partager à deux.
Nous retrouvons cette philosophie de la nature et de la mer voulue dans l’hôtel, également dans le spa, le souci du détail, l’esprit maison en valorisant les points de vue authentiques, parfois spectaculaires, dans un seul but : l’intégration dans l’environnement.

Qu’est-ce qui le rend unique ?

Ce qui rend le spa du Donjon unique, c’est la manière dont nous l’avons imaginé. Nous ne cherchons surtout pas la standardisation. Faire comme les autres n’aurait pas été cohérent avec notre identité, mais faire différemment était indispensable. Avoir un spa de 300 m2 ne correspondait pas au cadre de la Maison. Le désir profond est de nous différencier par la qualité des soins, le parcours client, tout en épousant notre environnement.

« Sans spa, pas de business en hôtellerie » : je suis assez d’accord avec cette phrase, parce que ce sont des complémentarités. C’est un peu comme la piscine à l’époque, on disait que la piscine coûtait de l’argent, mais la piscine, si elle n’existait pas, il n’y avait pas de clients ! Si vous avez un spa, votre taux d’occupation est meilleur, que vous l’utilisiez ou non, il est là, il est rassurant. C’est clair et net : le spa augmente le taux de nuitées ! C’est un espace important, nous avons toujours beaucoup de monde.

Pour les deux cabines de soins, une duo et une solo, soit trois lits, nous avons entre quatre et cinq praticiennes. Nous avons aussi La Canopée et le sauna.

L’ambition d’un spa vient de l’ambition de la spa manager et des praticiennes pour qu’elles soient bien dans leurs baskets et que finalement nous puissions répondre aux demandes de nos clients voyageurs.

Au-delà des soins prodigués, c’est la contemplation qui est maître chez nous. Quand vous tournez la tête, vous avez vue sur mer. Vous avez certains spas en sous-sol avec un très beau carrelage, une très belle faïence, un très beau mur de sel, mais le client est enfermé ! Pour nous, le paysage fait partie de l’expérience.

Notre spécificité est d’avoir des lieux, des cocons, des cellules, des « Folie’s » très identitaires mais séparées. La terrasse construite à côté de la piscine est rattachée au bien-être, à la poésie du lieu, à la poésie de l’écoute, à la faculté de se laisser aller, à s’allonger sur une chaise longue et à écouter les pins en train de bouger dans le ciel. Dans ce lieu, la musique est présente.

L’odeur aussi est importante. Étant donné que notre groupe s’appelle Le Cèdre Hospitality, nous sommes en train de travailler sur les odeurs de cèdre pour que nous ayons une cohérence entre le nom du groupe et la partie olfactive que nous développons. L’odeur dans un hôtel est essentielle, tout le monde s’en souvient.

Coline Letellier

Ce n’est pas un inconvénient que les cabines de soin, le sauna et La Canopée soient séparés. C’est vraiment le charme de l’hôtel qui est un hôtel familial et vraiment atypique. Cela permet aux clients de se balader, de voir le donjon, le domaine, le sauna, le Jacuzzi… et de ne pas être enfermés.

DES CLIENTS RAVIS

Moi, je pense que les clients viennent dans notre spa plutôt qu’ailleurs d’abord pour les spa praticiennes. Et puis aussi pour son ambiance familiale et chaleureuse.
En ce qui concerne le ratio clients extérieurs et clients de l’hôtel, nous avons davantage de clients de l’hôtel. Je dirais 60 % l’hôtel et 40 % les extérieurs.

Faire évoluer le ratio clients de l’hôtel

Tous les clients de l’hôtel ne profitent pas du spa. Environ 60 % seulement en profitent. Je fais des rappels quand j’ai le temps. J’appelle les chambres, quand il y a des créneaux libres au spa. Parfois, en période creuse ce n’est pas complet, mais c’est rare. Nous sommes vraiment complets à partir de juin.

Faire évoluer le ratio clients extérieurs

Nous préparons des offres. Ainsi, depuis le mois de mai, nous proposons une offre comprenant un massage d’une heure et un gommage avec un produit offert, et 30 minutes de sauna. Nous essayons de déployer cette offre sur les réseaux sociaux pour faire venir les clients avec un prix de 199 euros.

Les soins aux enfants

Les enfants aussi font des soins, on leur fait des massages repos, prince, princesse de trente minutes, pour les 5 à 12 ans, dans la cabine, pas forcément avec leurs parents… Avant-hier, j’ai fait un massage duo avec une collègue sur deux enfants de dix ans, et leurs parents étaient à côté en train d’attendre. Ils étaient très contents. Ce n’est pas la même chose qu’un adulte. Ça change vraiment, c’est top pour nous, c’est très agréable, c’est tout petit.

LE SOIN QUI PLAÎT LE PLUS

C’est le massage sur-mesure. On le fait vraiment en fonction des douleurs, des tensions du client. On insiste vraiment en fonction des besoins. On peut faire un relaxant, un dynamique. Nous faisons un peu plus rarement des soins du visage. C’est un peu moins demandé : 30 % les soins visage et le reste en massages. Le Massage aux Galets de Normandie est aussi un massage signature de notre spa.

Une excellente organisation

Nous sommes cinq spa praticiennes. Nous jonglons au niveau des repos, étant donné que le spa est ouvert sept jours sur sept. Le dimanche, nous sommes quatre, deux sont en soin, et la troisième et la quatrième tournent autour du sauna et de La Canopée, pour gérer l’installation des clients. Nous les amenons au niveau du sauna, nous venons les rechercher 30 minutes après, nous ré-installons, nous remettons des peignoirs, nous replaçons tout, nous nettoyons, notamment les vitres.
À La Canopée, c’est exactement pareil, nous installons les clients.
C’est payant. Le sauna, c’est 30 euros les 30 minutes pour deux personnes, et La Canopée, c’est 130 euros, 45 minutes pour deux personnes, et vous avez la vue sur les falaises, sur la mer. Ça fonctionne très bien, il y a beaucoup de demandes. S’il y a une troisième personne, il y a un supplément.

AVANT TOUT : FAIRE PLAISIR !

Omar Abodib

Avant la notion de business, avant la notion d’argent, il faut donner du plaisir. Parce que, pour moi, si vous ne traitez pas correctement les gens, si vous ne traitez pas correctement votre environnement, vous ne pouvez pas faire de business ! Si vous ne réfléchissez que par le business, ça ne tombe pas directement. L’idée, c’est surtout de faire vivre une expérience à nos clients. On gagne de l’argent à partir du moment où les clients sont bien. S’ils ne sont pas bien, on ne gagne pas d’argent.
Dans la société dans laquelle nous vivons, l’angle de l’argent, pour moi, est asphyxiant. Tant qu’on prend du plaisir et tant qu’on est heureux, pour moi, c’est le plus important. Et là, on passe un bon moment, moi, ça me comble, ça me suffit. Donc, le reste, c’est de la flûte !

Avant la notion de business, avant la notion d’argent, il faut donner du plaisir

LA PLUS GRANDE DIFFICULTÉ AU QUOTIDIEN

C’est la faculté d’arriver à faire cohabiter le monde du spa avec le monde de l’hôtellerie et de la restauration. Je suis un hôtelier-restaurateur et je vois bien que nous avons un peu de difficulté, non pas à intégrer les professionnelles du spa, mais à comprendre leur philosophie.

Les praticiennes dans le spa ont des horaires de boutiques, de 9 heures-10 heures jusqu’à 19 heures-20 heures. Nous, dans notre métier en hôtellerie/restauration, c’est du 24/24, petit-déjeuner, midi, soir, bar de la nuit, présence à l’hôtel non-stop, week-ends, jours fériés. Et donc, nous devons comprendre leur métier et elles doivent comprendre le nôtre. Il faut atteindre le point d’équilibre, elles ont besoin d’être sereines et calmes pour offrir le meilleur des soins, pour que le client soit complètement apaisé et que l’énergie soit transmise correctement. Pour arriver à cela, il faut savoir cohabiter. C’est juste une question de compréhension. Nous, dans l’hôtellerie, nous sommes des « fous furieux ». Dans l’ensemble, le spa, aujourd’hui, ça se passe très bien. Évidemment, depuis que le spa existe, il y a cinq ans, il y a eu des hauts et des bas. Les équipes du spa peuvent être surprises de voir comment nous vivons, elles peuvent s’étonner qu’à 23 heures ou minuit, nous soyons encore là. Mais, c’est comme ça, pour nous, c’est un plaisir, c’est un choix de vie. C’est le métier que je fais depuis l’âge de quatorze ans, et j’aime ce métier. L’art de recevoir, le plaisir de recevoir, pour moi, c’est indispensable.

L’art de recevoir, le plaisir de recevoir, pour moi, c’est indispensable

UN MESSAGE AUX EXPLOITANTS DE SPA

Si je dois avoir une notion d’exemplarité ou au moins de tracer un chemin, je pense qu’il faut retourner la table et voir les choses différemment. Il faudrait plutôt avoir une perception de recevoir de manière hospitalière plus modeste comme la nôtre, savoir écouter et comprendre le client, et peut-être s’adapter à lui.

Voilà, ici, c’est Le Donjon à Etretat et ce que nous faisons peut être inspirant pour d’autres ! Moi, je réfléchis pour le client et pour mes collaborateurs, je ne réfléchis pas que par la rentabilité. Après, la rentabilité vient lorsqu’on crée un art de vivre, une ambiance, une atmosphère.

« Si j’avais à montrer la mer à un ami, c’est Etretat que je montrerais », Alphonse Karr

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