Par Galya ORTEGA.

La « Green Life » est vraiment ma culture depuis longtemps. Je scrute attentivement les lieux de bien-être ou les spas qui en seraient les applications. Et avec le Château de Massillan, j’ai découvert une sorte de perfection dans le sens où tout est cohérent.

Marie et Didier Perréol

Marie et Didier Perréol

Le bio et le développement durable semblent être le nouveau tsunami envahisseur dans tous les domaines de la vie. Nous le voyons : le processus est en route car c’est une question de survie pour la planète. Nous ne sommes plus uniquement dans le choix d’une qualité de vie. Nous sommes dans l’exigence d’une mutation obligatoire planétaire. Mais en même temps, il y a une terrible résistance au changement.
Dans l’agriculture, l’alimentation, les pressions sont énormes car les agriculteurs, autant que les commerces, subissent des pressions qui offrent des possibilités mais au prix bien souvent d’une véritable révolution et d’adaptations en moyens financiers féroces.

Tout est possible, mais soyons réalistes, le processus prend du temps. Dans le domaine du bien-être et de la beauté cela bouge beaucoup. Quelle marque ne revendique-t-elle pas une gamme bio ou une approche éco-responsable ? Mais entre nous, le marketing ne peut passer à côté de cette vague-là sans mettre toute cette industrie en obsolescence immédiate. Hélas ! L’opportunisme est courant et parfois les étiquettes ne sont qu’une façade qui ne trompe aucun œil averti. Au Château de Massillan, nous sommes dans un univers très cohérent de ce point de vue là. Ici, tout est majoritairement bio et en développement durable. Didier Perréol, le propriétaire et créateur du lieu, est engagé concrètement dans cette culture-là depuis plus de 30 ans et se sert de ce qu’il met en place dans la propriété pour faire évoluer la technologie et les moyens actuels de performance en bio dans tous les domaines car son exigence et la rigueur de sa mise en place font qu’il va chercher en tous secteurs des fournisseurs pour parvenir à une réalisation impeccable.

PETIT RAPPEL AFIN DE BIEN ÊTRE SUR LA MÊME LONGUEUR D’ONDE

On nomme bio ce qui est cultivé, préparé, conservé, conditionné et distribué sans traitement à base de pétrochimie, sans produits génétiquement modifiés, ou de produits de synthèse. Par exemple, vous pouvez très bien avoir un produit cosmétique ou alimentaire dont les ingrédients sont bio, mais si le packaging ou le mode de conservation ne le sont pas, le produit n’est pas bio. Tout cela doit être certifié par un label. Sans label reconnu et identifié, tout est validé sur du déclaratif et donc sans aucune certitude.
Le développement durable est un comportement qui consiste à produire, user ou consommer dans la conscience et dans le respect de la protection de l’environnement sans le détruire, ni sans avoir aucun impact nuisible. Ce processus implique une étude des écosystèmes et de la bio-diversité. Cela oblige à poser des actes éco-responsables.
Le spa, lieu de bien-être par excellence dans sa version classique, n’est en rien éco-responsable où des centaines de litres d’eau sont utilisés quotidiennement pour les soins ! Réalisons qu’une baignoire double qui va faire le bonheur des amoureux ou des amis qui apprécient de partager un moment de détente, contient plus de 500 litres d’eau ! Je vous laisse imaginer la dépense en eau la semaine de la St Valentin où un spa peut vendre jusqu’à 12 bains par jour. Pensez au poste de blanchisserie, lorsqu’on réalise qu’on utilise en moyenne 5 pièces de linge dans un soin de 90 minutes (drap ou serviette pour la table de massage, drap pour couvrir le client, tapis de sol, peignoir et serviette pour éventuellement se sécher après la douche ou le gommage). Multipliez cela par le nombre de soins par jour, vous obtiendrez un chiffre vertigineux. Mais ensuite, il convient de laver tout cela et nous arrivons à la lessive qui est en général plus que polluante ! Nous pourrions parler à l’infini de ce qu’est un spa éco-responsable avec ses dépenses de chauffage, le hammam, la piscine et les cabines chauffées à 23° et enfin le respect durable et responsable du personnel de soin qui est trop souvent usé et saturé. Ah ! l’univers du spa n’est pas si simple !

LE CHÂTEAU DE MASSILLAN, UN LIEU AU CŒUR DE LA NATURE

Voici un château à « l’ancienne », solide avec ses deux tours crénelées et ses fenêtres étroites. Nous passons un porche et je découvre avec surprise une belle demeure provençale qui sent l’hédonisme et un bonheur simple mais très raffiné. Jardins privés, salons de musique sans musique mais avec l’esprit, du lin, des couleurs de tourterelles heureuses, une piscine bucolique entre les arbres où le ciel azur de Provence se reflète ! Où suis-je ? Je pense que je suis dans un espace-temps idéal ! Je pose des questions pour comprendre et je découvre : tout repose sur le propriétaire et directeur du Château, Didier Perréol.

Le bio, le développement durable, l’hédonisme, la gastronomie, le luxe : voilà le concept

D’UN CHÂTEAU À UN ÉTABLISSEMENT BIO

Cet homme a racheté en 2013 ce lieu sur un coup de cœur, qui fut jadis en 1555 la gentilhommière de Diane de Poitiers et d’Henri II. Visionnaire, il décida d’en faire une hôtellerie différente, dédiée à l’art de vivre bio et éco-responsable. Engagé dans l’agro-alimentaire bio, il décida de transformer le « Château » et de le mettre aux normes de son idéal en impliquant le développement durable, le bio, mais en n’oubliant pas le confort et la poésie que nous cherchons tous lorsque nous prenons une petite retraite épicurienne.
La propriété est conçue avec de nombreuses alvéoles pour s’isoler et profiter : petits salons pour buller et bavarder, coursives pour dîner à l’abri du monde, jardin d’hiver ou de printemps pour jouir de la musique ou de la douce fraîcheur du soir, gazebos de jardin pour savourer le parfum de la lavande en dégustant un thé ou une flûte de champagne.
Le signe que les clients apprécient est qu’on les voit déambuler dans les allées du château. Le concept, c’est ça : le bio, le développement durable, mais dans un contexte d’hédonisme et d’***** Oui ! D’étoiles ! Celles de la gastronomie comme celles qu’on a dans les yeux.

UN VRAI CONCEPT ÉCO-RESPONSABLE

Les chambres sont très élégantes, spacieuses, aux teintes feutrées et au mobilier fonctionnel et très chic. J’apprécie le respect de l’environnement à tout moment : le chauffage, le linge, les matériaux de construction et de décoration. Les axes d’engagement en développement durable sont très forts et ont été gérés par un groupe de travail spécialisé dans ces valeurs écologiques.
– Nous pouvons relever une véritable gestion et une consommation d’énergie limitée.
– L’isolation (sols, murs et plafonds) a été réalisée grâce à un isolant en chanvre de 200 mm d’épaisseur pour plus d’efficacité.
– Les peintures sont à la chaux, comportant au maximum 1g/l de COV (composés organiques volatils).
– La production d’eau chaude sanitaire est assurée avec une base solaire et l’appoint se réalise avec les pompes à chaleur géothermique.
– Les menuiseries sont très performantes et réalisées en alu bois. Le fabricant a une démarche environnementale forte en proposant des produits très performants avec le label Eco certifié PEFC (provenance du bois France, gestion des forêts).
– Pour le chauffage, la géothermie verticale a été choisie : un réseau de 6 puits de 100 mètres de profondeur alimente les pompes à chaleur et assure la puissance nécessaire avec une consommation minimum.
– L’installation de panneaux solaires a été réalisée. Les robinetteries bénéficient d’un système « éco smart ».
– Pour les éclairages, les Leds ont été choisis, avec un contrôle de l’éclairage par zone en intensité.
– Le chauffage au sol a été privilégié pour assurer un très bon confort et ponctuellement permettre de rafraîchir le trop de chaleur l’été.
Tout ceci est remarquable. Il est rarissime de trouver une telle réalisation avec en plus le confort et la beauté.

CÔTÉ CUISINE, UNE GASTRONOMIE BIO DANS UN UNIVERS COHÉRENT

Compte tenu du niveau d’exigence et d’excellence du Château de Massillan, il fallait une restauration à la hauteur. Didier Perréol a élaboré un concept de cuisine avec des légumes, des viandes, des fromages, des vins, des huiles et épices bio cultivés sur place ou négociés avec des fournisseurs locaux. La plupart des légumes et herbes proviennent du potager bio du château. 4000 mètres carrés offrent leurs terres vierges et riches à la culture des légumes les plus variés. Respectant la permaculture qui préconise une gestion harmonieuse et saine avec l’environnement naturel : compost bio, humus, méthode de travail sans énergie fossile et sans retournement de la terre. Les plantes sont dynamisées et protégées contre les moisissures par un traitement naturel avec orties et consoudes. Mais le potager trouve toute son expression originelle dans sa fonction culinaire. Le chef peut agrémenter ses plats de productions du potager et ainsi faire découvrir les multiples formes et goûts du patrimoine.
Mais pour animer tout cela, il fallait recruter un chef spécialiste de cette approche tout en privilégiant la gastronomie. Frédéric Le Bourlout, homme discret et authentique, est le maître des lieux. Je peux témoigner des saveurs raffinées, de la mise en scène à la manière d’un tableau qui enchantent mon palais amateur des délices de la table.

Le Chef se rend au potager bio du Château et se laisse inspirer au jour le jour

Frédéric le Bourlout, l’artiste gastronome

Je me devais de rencontrer le Chef afin de comprendre mieux ses choix et son orientation de travail. Il a partagé avec moi et donc avec vous sa passion pour la santé et le bien-être à travers la nourriture. Pour lui, c’est un engagement et un défi. Il a fait ses armes au Pré du Moulin puis a opté pour le Château de Massillan. Le bio n’est pas nouveau pour lui. Il connaît bien. C’est son engagement. Son choix culinaire est clairement orienté autour des produits et des cuissons. Il va au potager et se laisse inspirer au jour le jour par ce qu’il y trouve. Ainsi le minimum de temps s’écoule entre la cueillette et la préparation. Nous sommes plus que dans le locavore. Les produits ont le maximum de leur densité énergétique, il utilise très peu d’épices, intègre des herbes et joue la simplicité et la qualité des ingrédients. La présentation épurée de ses plats dissimule en fait une grande richesse de saveurs, une subtilité infinie dans l’accord des produits…

UN BIO SPA, POUR UN BIEN-ÊTRE VRAIMENT ÉCO-RESPONSABLE

Pour couronner le tout de cette expérience idyllique, il fallait un spa à la hauteur de toute cette ambition et de cet engagement. Après tout, c’est pour le spa que je suis venue là. C’est pour cette parenthèse de bien-être bio que je suis motivée. J’étais curieuse de découvrir et d’expérimenter. J’ai eu la chance d’être initiée au Bio Spa par Marie Perréol, la femme et muse du fondateur. Elle est véritablement l’âme du lieu. C’est elle qui a conçu tous les espaces et la décoration.

L’agencement du spa

Tout d’abord, le spa se présente comme une dépendance, une sorte de petite maison attenante à l’hôtel, on peut y accéder par le jardin ou bien par une passerelle interne venant de la réception. Les clients sont accueillis en pleine lumière, ce qui est très appréciable car lorsqu’ils sont à l’intérieur du spa, ils pourraient se croire directement dans le parc arboré tant les baies vitrées sont vastes. Dès l’accueil, une sculpture monumentale en bambou, qui figure un arbre gigantesque, semble soutenir le plafond. C’est solide, beau dans son élan et fragile de sensibilité à la fois.
– Tout le mobilier est en bambou sur-mesure. Couleurs, tissus, objets ont été choisis pour le rappel et la cohérence de tout l’ensemble du concept.
– La salle de fitness vaut le détour car tous les appareils sont en bois et fonctionnent avec la puissance de l’eau. Rien ne marche à l’électricité sauf un écran tablette. Cependant, tout cela est très performant et efficace pour les amateurs de sport.
– Un grand espace thermo-ludique s’offre au plaisir d’une piscine animée et massante, incluant un lit massant, des aquabikes, une douche expérience, un hammam assez vaste, une fontaine de glace et deux saunas, l’un classique et l’autre aux herbes avec vue sur le jardin.
– Les cinq cabines de soins dont deux doubles sont à l’image de tout le spa : formes rondes, tout est en chêne, linge en coton bio, sèches serviettes pour chauffer les peignoirs, rideaux en lin, vasques en pierre.
– Trois salons de repos sont disséminés dans différents endroits si bien que le client n’a jamais la sensation d’être envahi en cas d’affluence.
– Une salle de ressourcement du côté de l’espace cabines est en elle-même un véritable soin tant le client peut être dans une alvéole voilée où il maîtrise la lumière, le son et prend sa collation.
– Une terrasse solarium, sur le toit, vaste et confortable est idéale pour se reposer ou simplement flâner avant ou après son soin.
Les soins de bien-être sont vraiment variés en ce lieu magique : soins énergétiques avec les produits Biovive et soins corps bio avec Cinq Mondes bio, quelques massages du monde, du yoga, de la sophrologie et surtout un art de vivre chaque minute comme un univers bienfaisant.

Les trois salons de repos sont disséminés pour que le client soit toujours tranquille, même en cas d’affluence

BIOVIVE : UNE MARQUE EMBLÉMATIQUE

Le choix d’une marque de cosmétiques était un enjeu très important pour Didier Perréol. Il a opté pour Biovive pour le Bio Spa, pour la cohérence avec son concept, ainsi que pour la qualité des produits qui est exceptionnelle. Les textures, les odeurs et le résultat sur la peau sont une véritable gastronomie à la hauteur de l’exigence globale du lieu. Tous les produits sont bio, certifiés Cosmos Organic et vegan. Les formules sont particulièrement oxygénantes et s’appuient sur la force régénératrice des bourgeons d’arbres fruitiers (figuier, pêcher et cerisier). Jean-Louis Poiroux qui en est le fondateur partage avec nous sa rencontre avec le Château de Massillan : « Pour moi qui ai porté la marque Biovive dans sa conception et sa réalisation, j’ai trouvé en Didier Perreol un véritable partenaire qui ne se contente pas de respecter les produits, l’environnement et le bonheur de ses clients dans l’univers de l’hôtellerie. Tout autant de valeurs qui sont précisément les miennes ».

Mon soin Biovive détoxifiant qui purifie la peau et l’âme

Sur les conseils de Marion, l’esthéticienne aux mains d’or, j’ai fait ce choix de soin. Confortablement installée sur une table de massage en bois, je suis enveloppée par un nuage parfumé d' »Eau Fraîche Aromatique ». Je commence à respirer plus à fond naturellement.
– Des serviettes chaudes sur les pieds avec un petit massage bienfaisant, et le soin lui-même commence.
– Le double démaquillage avec l' »Eau Micellaire » est suivi du démaquillage en profondeur avec le « Baume en Huile » qui fond et se transforme en lait au contact des mains humides de Marion. Elle masse et remasse longuement la peau lui permettant d’éliminer toutes les toxines les plus profondes.
– Le double gommage universel est assorti d’un vrai massage et d’un diagnostic précis, exigeant qui confirme la détoxification avec un « Masque d’Argile Rouge » qu’elle m’explique en détail.
– Avant de poser le masque, vient un long massage constitué principalement de drainages variant les techniques. J’observe une personnalisation sur le contour des yeux et tout se termine par des gros pincements raffermissants.
– Le « Masque Détoxifiant d’Argile Rouge » semble valider tout ce travail en profondeur.
– Pendant la pose du masque, j’ai droit à un long massage des bras et mains.
– Et oui tout s’achève à un moment avec un « Sérum Contour des Yeux Perfecteur de Regard », l' »Élixir Universel » le « Sérum en Huile » magique.
Le soin se termine tout en douceur. Je repars d’un bon pied. Ma peau est pure et apaisée mais il en est de même pour mon état intérieur !

UN FONDATEUR TRÈS IMPLIQUÉ : DIDIER PERRÉOL

Cela fait du bien de rencontrer quelqu’un qui se déploie avec autant de cohérence. Didier Perréol est né dans un milieu rural, d’une famille d’agriculteurs ardéchois. Il est resté fidèle à ces racines-là. Après une étape comme technico-commercial agricol, il crée Euro-Nat puis Ekibio, fournisseur de produits alimentaires bio et équitables, cosmétiques bio, etc., qui, actuellement, est un groupe composé de 9 sociétés. Des ouvertures de magasins bio à la création d’Euro Nat SA afin de s’impliquer dans la distribution de produits biologiques, il n’a cessé d’élargir son engagement depuis plus de 35 ans.

Comment vous est venue l’idée d’acquérir ce château et d’en faire un hôtel et spa ?

« Au fil de mon parcours, j’ai toujours eu envie d’avoir un lieu hôtelier, je pensais à un lieu pédagogique. Au début, je voulais une ferme, avec un accueil convivial. Après avoir cherché pendant huit ans, un jour j’ai vu ce château. Cela a été l’évidence. Donc j’ai entrepris des travaux de rénovation. J’ai refait beaucoup de choses. Mon engagement était les matériaux écologiques : bois, pierres, peintures sans solvants chimiques, la géothermie pour le chauffage et la climatisation car je voulais du confort mais en étant très attentionné à l’éco-responsabilité et au feng shui. Nous avons en plus un jardin et un potager bio car c’est ainsi que je le voulais pour le restaurant avec un chef dans le même état d’esprit. Dans le cadre de la création de ce chantier, j’ai rencontré Marie qui est devenue ma femme et qui s’est impliquée dans toute cette aventure. Tout a été choisi avec mes critères de plus en plus exigeants. »

Toute cette mise en place dans le bio et le développement durable coûte cher. Avez-vous des systèmes de rentabilisation ?

« Les tarifs sont les mêmes que partout. Mais par contre nous sommes très attentifs et nous dépensons moins. Nous ne gaspillons presque pas. Nous sommes très vigilants sur la consommation d’énergie, sur les déchets, sur l’organisation. Chacun est responsabilisé. Par exemple : en ce qui concerne notre jardin, nous produisons plus et nous vendons des légumes aux commerçants de la région, si bien que nous amortissons toute notre main-d’œuvre. Tout est optimisé. Je suis fils de paysan, proche de la terre et je suis attentif à la gestion, tout est maîtrisé. »

Nos tarifs sont les mêmes qu’ailleurs, nous ne gaspillons presque pas, tout est optimisé

En conclusion

Le bio et le développement durable dans un spa et un hôtel c’est possible, mais avec une tête pensante et organisatrice aux commandes ! Sinon : OUBLIEZ ! C’est trop complexe !

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