Par le Pr Jean-Paul MENINGAUD, Chef du service de Chirurgie plastique et esthétique CHU Henri Mondor,
Auteur du livre « Le programme anti-âge du Professeur Meningaud : Immunité, énergie, longévité, apparence, techniques scientifiquement validées ».

Pr Jean-Paul Meningaud

Pr Jean-Paul Meningaud

La peau est le plus grand organe humain. Elle assure notamment des fonctions de protection, de thermorégulation et de sensation. Mais elle assure aussi des fonctions d’absorption pour des médicaments par exemple et hélas aussi pour des perturbateurs endocriniens. À cet égard, on peut la considérer comme notre troisième rein, à condition de l’aider un peu, par de l’exercice, des bains chauds ou l’ancestrale pratique du sauna ou du hammam.

La peau est capable de stocker le sodium de façon non osmotiquement active et peut jouer un rôle non négligeable dans la régulation de la balance hydrosodée. La peau sécrète différents électrolytes tels le sodium, le chlore et le potassium, mais aussi de l’urée et des toxiques.

À quand remonte la pratique du sauna ?

Les cabanes de sudation étaient connues des hommes préhistoriques des régions tempérées et froides de l’hémisphère nord. Un usage semblable est documenté en Sibérie. Pline l’Ancien (23-79 après J.C.) situe les premiers bains tièdes et chauds durant la deuxième moitié du 2° siècle av. J.-C. dans le monde romain. Le hammam a évolué à partir des thermes romains. Des vestiges archéologiques attestent de leur existence dès la dynastie des Omeyyades. En Scandinavie, la pratique du sauna remonterait à 2 000 ans. Les tribus amérindiennes des actuels États-Unis et Canada avaient des huttes de transpiration (sweat lodges) lors de l’arrivée des Européens. Le sauna est aussi comparable au temazcal très répandu chez les Mayas : une hutte de terre avec une petite ouverture basse ; au centre, on allume un feu dans lequel on surchauffe des pierres. On y transpire dans le noir. J’ai pu en voir en usage, autour du lac Atitlan au Guatemala… On voit que la pratique humaine de courts séjours à haute température, quelles qu’en soient les modalités exactes, est ancienne et ubiquitaire. Ce n’est pas un hasard.

Quelle est la réponse physiologique à une séance de sauna ?

– Il y a tout d’abord une augmentation de la fréquence cardiaque avec une augmentation de la circulation périphérique et une diminution de la pression artérielle diastolique1.
– La pression systolique2 reste inchangée pendant la séance.
– Le métabolisme augmente ainsi que la consommation d’oxygène, imitant les effets d’un exercice physique à intensité modérée.
– Le système nerveux sympathique est stimulé.
– Les niveaux sanguins d’hormone de croissance et de prolactine sont augmentés ainsi que les beta-endorphines provoquant une légère sensation de sédation, d’analgésie et de bien-être.
– La relaxation musculaire s’accompagne d’une augmentation des propriétés élastiques des ligaments de telle sorte que des pratiques de sauna-yoga se sont développées.
– Il y a bien sûr une perte d’électrolytes par la peau : sodium, potassium, de chlore et de toxines. La perte d’eau stimule la sécrétion d’aldostérone3.

L’intérêt du sauna pour la santé cardio-vasculaire

Cette activité, que les gens pratiquent pour la relaxation ou le plaisir, a des effets bénéfiques sur leur santé vasculaire. Le sauna réduit la pression sanguine, ce qui peut être à l’origine de l’effet positif sur les risques d’accident cardiaque. Une étude reposant sur 1621 Finlandais qui se rendaient régulièrement au sauna a montré que les plus assidus avaient moins de risques de faire un accident cardiovasculaire. Le recul du suivi était de presque 25 ans. Aucun n’était hypertendu au départ. Ceux qui pratiquaient 4 à 7 séances de sauna par semaine avaient un risque diminué de presque la moitié par rapport à ceux qui n’en pratiquaient qu’une seule. L’étude avait été conçue pour annuler l’influence de l’âge, du tabac, du poids, de la tension artérielle systolique, de la glycémie, de la fonction rénale, de la consommation d’alcool, de la fréquence cardiaque, des antécédents familiaux d’hypertension, du niveau socio-économique et de la note de fitness.

Le sauna, quelle pertinence en anti-âge

La seule critique que je pourrais faire est que pour avoir le temps de faire quasiment une séance par jour, il faut avoir un emploi du temps très « conciliant », ce qui est certainement un biais. D’autre part, la pratique du sauna met facilement dans un état méditatif, ce qui peut aussi être un biais. Mais les résultats sont là.
Si vous parvenez à réserver une partie de votre journée à une séance de sauna, l’effet sur votre santé est assez spectaculaire.
Sous strict contrôle médical, la pratique du sauna est utilisée dans le cadre de la rééducation post-infarctus et de l’insuffisance cardiaque.

Les autres effets positifs du sauna

Le sauna a prouvé un impact positif sur les céphalées, le système antioxydant, certaines formes d’allergies et la fibromyalgie. Parmi les autres bénéfices revendiqués, on trouve une amélioration des symptômes de l’asthme et de la bronchite chronique, de l’anorexie mentale, de certaines maladies auto-immunes, de la fatigue chronique.

En bref

Un examen cardio-vasculaire est recommandé avant de se lancer dans une pratique de sauna. La grossesse est une contre-indication. Il y a un âge minimum pour le pratiquer que j’estime autour de la puberté. La consommation d’alcool juste avant doit être proscrite. Il ne faut jamais s’endormir dans un sauna. On peut, si on aime cela, utiliser quelques gouttes d’huiles essentielles sur les pierres. L’usage de la douche froide, du bain glacé ou de la friction avec de la neige apportent vraiment un plus. Le sauna peut être pratiqué seul pour son aspect méditatif, en couple pour son aspect affectif, entre amis pour son aspect social. Il est bénéfique dans tous les cas. Je recommande fortement cette pratique dans un programme anti-âge.

1 La pression diastolique est le plus petit des deux nombres lorsqu’on vous prend la tension. Elle correspond à la tension artérielle mesurée lors de la phase de relâchement du cœur.
2 La pression systolique est le plus grand des deux nombres lorsqu’on vous prend la tension. Elle correspond à la tension artérielle mesurée lors de la phase de contraction du cœur.
3 L’aldostérone, la principale hormone minéralocorticoïde, est une hormone stéroïde produite par le cortex surrénalien dans la glande surrénale. Elle est essentielle pour la réabsorption du sodium dans les reins.

A lire également