Située en plein cœur du Salzkammergut, à 57 km au sud-est de Salzburg, Bad Ischl, résidence estivale de la famille impériale de 1848 à 1914, est la plus ancienne station thermale d’Autriche. Depuis le 18ème siècle, sa réputation repose sur le pouvoir curatif de ses eaux riches en sel et en soufre.

L’OR BLANC D’ISCHL, LE SEL REMÈDE NATUREL ET « TRÉSOR DE SANTÉ »

Qu’il provienne de la mer (sel marin) ou des entrailles de la terre (sel gemme), le sel ou chlorure de sodium est un constituant essentiel de l’être vivant. Indispensable à la vie, il joue un rôle essentiel dans un grand nombre de régulations physiologiques.
On estime de 1 à 2 g de sel le minimum journalier vital.
– Le sel est mis à profit dans des bains salins ou de saumure (eau dont la concentration en sel est très élevée), en cure hydrique. Par exemple, pour la digestion et le transit, 2 cuillères d’eau salée à jeun le matin permettent de détoxifier le corps. Pour un usage plus médical, il faut consulter un médecin.
– On peut faire des inhalations de sel (30-100 g par litre d’eau) pour dégager les voies respiratoires et des gargarismes à l’eau salée pour enrayer la prolifération des bactéries responsables des maux de gorge.
– On utilise le sel en enveloppements et pour faire des peelings.
– Les lampes de sel font merveille pour l’ambiance et sont efficaces pour la purification.
– Le sel de cuisine s’utilise sous forme de gros sel ou de sel gourmet.
– Quant aux cures salines pour les voies respiratoires, la circulation sanguine et l’appareil moteur, elles relèvent du domaine médical.

STATION THERMALE HISTORIQUE

La captation des sources d’eau salée à des fins thérapeutiques est connue depuis des temps immémoriaux. Les Celtes vénéraient les sources salées, autant lieux de culte que de cure. Mythe ou réalité, en tout cas, au 19ème siècle, c’est grâce aux travaux du médecin de la famille impériale d’Autriche, le Dr Wirer, et aux vertus des eaux d’Ischl, connues pour favoriser la fécondité, que l’archiduchesse Sophie et l’archiduc Franz Karl ont pu combler leur désir d’enfant. Ce qui valut au futur empereur François-Joseph et à ses frères le surnom de « Princes du Sel », et à Bad Ischl son développement en élégante station thermale de renom mondial. Et cela d’autant plus que l’eau d’Ischl a la même composition que celle de Karlsbad, aujourd’hui Karlovy Vary, ville thermale historique en République Tchèque.

L’ÂGE D’OR DE BAD ISCHL

Il ne commença vraiment qu’en 1823 avec l’ouverture du premier établissement de cures et sous l’impulsion de Franz Wirer von Rettenbach (1771-1844) dont l’ouvrage, « Ischl et ses bains de saumure », faisait référence. Mais l’utilisation thérapeutique de la saumure en traitement préventif avait commencé dès 1822 avec le Dr Götz, médecin de la mine chargé du bien-être et de la santé des mineurs. En 1824, Ischl compte 25 bains de saumure parfois additionnée de tourbe, autre spécialité du Salzkammergut. Les bains de saumure chaude étaient dispensés au Kurhaus, le plus ancien bain de saumure d’Autriche. La Trinkhalle (buvette) accueillait des curistes depuis 1831 et le sanatorium inauguré en 1829 fonctionna jusqu’en 1931, date à laquelle on construisit un établissement thermal dernier cri avec bains bouillonnants et bains de vapeur, ainsi qu’une salle dédiée aux enveloppements de boue et de tourbe curatives.

COUP DE FOUDRE À BAD ISCHL

Le 16 août 1853, le jeune empereur François-Joseph rencontre celle qui allait devenir l’impératrice Sissi, à la Kaiservilla. C’est là même que le jeune couple établira ses quartiers d’été et où plus tard seront tournées quelques scènes du film Sissi. Le ton est donné, chaque été, la cour quitte Vienne pour trouver la fraîcheur de la montagne, ce d’autant plus facilement depuis 1878 grâce à la circulation d’un train Vienne Bad Ischl (250 km). La mode est lancée, la ville devient lieu de rendez-vous du Gotha mondain, têtes couronnées d’Europe, milliardaires, artistes : Brahms, Léhar, et Strauss (fils), le « roi de la valse viennoise », qui y composa sa célèbre « Valse de l’Empereur ». Mais aussi Freud, Greta Garbo, Marlène Dietrich et aussi le Dalaï-Lama, Tenzin Gyatso.

SALZKAMMERGUT

Depuis des millénaires, la fortune de cette région, au décor idyllique et pittoresque avec ses 76 lacs aux eaux cristallines, est étroitement liée à l’histoire de l’exploitation du sel dans les montagnes proches de Salzburg (Salz = sel).
Hallstatt est célèbre pour son sel gemme récolté dans des galeries souterraines 1000 ans avant J.C. Mais si l’exploitation des mines de sel remonte aux Celtes, les salines d’Ischl n’ont été découvertes qu’en 1562.

MÉMOIRE IMPÉRIALE

Aujourd’hui encore, la cité thermale entretient le culte impérial. Chaque année, le 18 août, on célèbre l’anniversaire de l’empereur et on cultive soigneusement le mythe de Sissi, qui vécut à Bad Ischl d’authentiques moments de bonheur.
C’est au cœur de la ville historique que la nostalgie impériale est la plus palpable. Chez Zauner, pâtisserie de renom lancé par Viktor Zauner (1877-1950), promu fournisseur de la cour impériale, on peut toujours déguster La Violetta, confiserie préférée de Sissi, un fin biscuit d’amande fourré à la pâte d’amande, à la crème de truffe fondante et décoré de violettes confites, le tout présenté dans une boîte à l’effigie de la belle impératrice.

À la Kur-Apotheke (1807), ancien fournisseur de la cour royale et impériale depuis 1890, Heimo Hrovat (quatrième génération de pharmaciens) est intarissable dès qu’il s’agit de recettes impériales. Soucieux de préserver cet héritage, il a obtenu le classement au patrimoine immatériel Unesco de ses spécialités maison, cosmétiques, préparations et remèdes pharmaceutiques. On vient de loin pour ses onguents, potions, thés et tisanes, son parfum d’intérieur au pin cembro et sa Liquor Apothecarum, cordial dont la recette est jalousement gardée. Et en vitrine, sont exposées des boîtes de remèdes anciens comme celle des fameuses dragées Bengué, des pastilles à base de borax, menthol et cocaïne, pour soulager les maux de gorge impériaux.

Quid des secrets de beauté de Sissi ? Des crèmes culte, Crème Céleste, Cold Crème et Wilson Salbe (crème solaire). Et la pharmacie lui livrait tous les trois jours les 5 litres d’eau distillée nécessaire à l’entretien de sa précieuse chevelure.

« Reproduire de nos jours des recettes anciennes à l’identique est presque mission impossible, on ne peut pas tourner une crème pendant 8 heures d’affilée alors qu’elle ne se conservera que quelques jours, ni utiliser des limaces baveuses pour fabriquer une crème à la limace. Et pourtant, la bave d’escargot présente dans la crème à la rose de l’impératrice, est encore utilisée de nos jours dans des crèmes anti-rides, et la cosmétique au lait de chèvre est un « best seller ». Mais les produits en vedette à l’époque impériale continuent d’exercer une fascination, et ont toujours la vedette, comme le sel d’Ischl qui entre dans la composition des sels de bain à la rose (le produit préféré de Sissi) ou à la violette. »

Office National Autrichien du Tourisme :
www.austria.info/fr

Pour aller sur les pas de Sissi à Bad Ischl :
www.autriche.com/circuits/a-la-rencontre-de-sissi-et-de-francois-joseph_20

A lire également