Paroles d’experts : les équipements et l’organisation des espaces

Benoît Creus

BENOÎT CREUS

Benoît Creus est le Directeur de la Société Verre & Quartz.
Créateur d’univers sensoriels depuis plus de 20 ans, Verre et Quartz accompagne les porteurs de projets, spas en particulier, en leur proposant des réalisations répondant à leurs attentes. Lien privilégié entre les clients, les architectes, les bureaux d’études, Benoît Creus a en charge la recherche de solutions et leur optimisation, en prenant en compte les impératifs de planning, d’organisation, de cahier des charges, et de coordination entre les différents corps de métiers.
Avec plusieurs centaines de réalisations à son actif, de tailles et fonctionnalités très variées, il est souvent consulté pour des recherches de choix techniques et esthétiques qualitatifs et pérennes dans un environnement humide où la réalisation d’ouvrages sans expérience est risquée et peut être lourde de conséquences.

Élaborer un spa revient à créer un univers répondant aux besoins de l’exploitant et aux attentes des utilisateurs, en intégrant les dernières tendances et innovations dans le respect de critères architecturaux et de sécurité.

Un spa personnalisé

Le terme de « spa » revêt différentes appellations. Au départ, les produits que nous proposions accentuaient beaucoup sur la définition du spa « sanitas per aqua ».
L’eau revêtait un caractère fondamental et les équipements suffisaient à qualifier un établissement de « spa ».
Aujourd’hui, la couverture du mot « spa » est très large, au même titre que pourrait l’être un hôtel, et un spa ne peut se concevoir qu’en prenant en compte son environnement.
Il faut donc préalablement, à toute élaboration, connaître l’ENVIRONNEMENT. On distingue :
– les spas d’hôtels avec possibilité ou non d’ouverture à la clientèle extérieure,
– les day-spas,
– les spas destinations (eco-resort, parcs de loisirs) ou spas à thème (type Center Parcs, …).
Cette liste n’est pas du tout limitative dans la mesure où aujourd’hui le spa fait de plus en plus partie du mode de vie d’une clientèle en recherche de bien-être et d’expériences, prête à découvrir des équipements dans des environnements encore insoupçonnés il y a quelques années ou improbables.
Conjointement à l’environnement, on cherche à qualifier la clientèle (hommes, femmes, mixte, dans quelle proportion ?).

Les différentes étapes de la création

Le type de spa étant déterminé, nous nous attachons à définir les profils des porteurs du projet, leur parcours et la description qu’ils attendent du spa. Le porteur du projet sera-t-il l’exploitant ? C’est fréquemment le cas de day-spas, mais beaucoup plus rare dans le cas de spas d’hôtels ou de centres mis en place par des investisseurs.
Les porteurs de projets ont généralement des idées résultant de leur expérience, de leur sensibilité ou encore de leurs voyages.
Nous n’allons pas aborder de la même façon un entretien avec un porteur de projet de spa orienté essentiellement sur les équipements et les ambiances mais avec peu de personnel ou un spa très orienté « soins ».
Il est de notre devoir, par rapport à ces premières idées, de faire profiter le porteur de projet de notre expérience, en le mettant le cas échéant, en garde contre certains choix trop marqués ou peu évolutifs.
Ces discussions « à bâtons rompus » permettent de cerner au mieux les personnalités des différents investisseurs, et éventuellement leur expérience de management de spa, puis il faut rapidement s’intéresser à la seconde question primordiale : l’étude de marché.
Y en a-t-il une ? Ou faut-il la faire de manière à conforter ou infirmer la direction qui tend à se dessiner à ce stade ?

Les étapes de réalisation

Pour partir d’un bon pied, il faut respecter les étapes et ne pas les brûler.
Différents intervenants sont impliqués dans la création d’un spa, en particulier :
– un banquier, le plus fréquemment,
– un architecte, selon l’ampleur du projet.
Il ne suffit pas, en effet, d’avoir une idée, une étude prévisionnelle. Il faut vérifier la capacité financière à mener à bien un projet qui peut être coûteux, et constituer une équipe d’architectes et de bureaux d’études (structure, fluides, …).
Ces intervenants spécialisés doivent être nommés dès le départ. En fonction de la surface du spa et des activités, il y aura lieu de compléter l’équipe de spécialistes.
Si un bâtiment est déjà présent, la disposition (un ou plusieurs niveaux, sous-sol) permet d’entrevoir la complexité d’un projet.
Derrière toutes ces questions interdépendantes, la notion de budget est toujours présente et se précise peu à peu, pour nous renseigner sur les choix à faire dès le départ.
Pour réussir son spa, il faut intégrer :
– le facteur temps,
– les contraintes budgétaires,
– une mise en œuvre par des professionnels expérimentés.

Attention aux choix trop marqués ou peu évolutifs

Un projet de spa se mûrit et évolue pendant toute la phase des études.
Parce qu’il comporte le plus souvent des équipements intégrés au bâtiment (bassins, bains de vapeur, grottes de glace, …) impliquant des travaux de gros œuvre et des locaux techniques, en conséquence, un spa demande du temps et des compétences.
Les architectes doivent intégrer les contraintes propres aux lieux (dépôt de permis de construire) et travailler en amont avec des professionnels capables de leur présenter les contraintes techniques qui nécessiteront de faire appel aux bureaux d’études.
Actuellement, il n’est pas rare de travailler sur des projets à échéance 2 ou 3 ans… si tout se passe bien !
Il faut donc préparer son projet dès que possible et si le bâtiment est déjà créé, prendre connaissance des lieux le plus tôt possible pour s’en imprégner et intégrer les paramètres de construction (écoulements, ventilation, hauteur sous plafond, …).
Il arrive encore que nous soyons appelés pour intégrer une Heat Experience Zone qu’un architecte a prévu à un endroit impossible (pas de hauteur sous plafond suffisante, pas d’écoulement, murs porteurs, …) et, dans ce cas, soit l’adaptation est possible, mais moyennant un coût important dû au « sur-mesure », soit il faut repenser les zones et retravailler l’ensemble du bâtiment…
Les déconvenues, même si elles ne peuvent pas à coup sûr être évitées, peuvent au moins être limitées si le spa, à cause des contraintes qu’il impose, est traité en priorité dans un bâtiment adapté.
Dans tous les cas, une mission consistant en un état des lieux et une projection des possibles est indispensable pour définir ce vers quoi on va.

Pour éviter les déconvenues, l’architecte doit travailler en amont avec les professionnels au fait des contraintes techniques

Les contraintes budgétaires sont celles d’équipements spécifiques dans des environnements humides. Non seulement les équipements doivent être adaptés, ce qui suppose des qualités de matériaux et de fonctionnement, mais en plus des matériaux, les circulations, les systèmes de ventilation, etc. doivent être sans faille.
On ne peut imaginer des vitres embuées et des plafonds humides, … et bien que cela paraisse évident, il ne faut pas sous-estimer la complexité ni le coût d’un travail professionnel et durable.
Les corps de métiers intervenant dans le domaine du spa sont nombreux (plombier, plaquiste, carreleur, électricien, …). La coordination de leur travail doit être parfaite, le suivi des travaux permanent. On voit trop souvent des sinistres relatifs à une étanchéité mal réalisée par exemple.

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